En cette journée mondiale de lutte contre le paludisme l’Organisation mondiale de la santé (OMS) salue les « progrès majeurs » accomplis au cours des dix dernières années en particulier dans les pays d’Afrique sub-saharienne. Depuis 2000, les taux de mortalité ont chuté de plus de 25 % et 50 des 99 pays dans lesquels cette maladie continue à se transmettre sont en passe d’atteindre l’objectif de réduction des taux d’incidence de plus de 75 %, fixé à 2015 par l’Assemblée mondiale de la santé.
Toutefois, ces progrès risquent d’être anéantis en raison de l’émergence d’une résistance du plasmodium aux combinaisons à base d’artémisinine (CTA), le traitement de référence recommandé par l’OMS. « Nous sommes très inquiets de la progression observée en Asie du Sud-Est de la résistance du parasite aux médicaments qui ont permis d’obtenir tous ces progrès », a souligné le Dr Hiroki Nakatani. Dans les années 1960, c’est également dans le bassin du Mekong que sont apparues les premières résistances à la chloroquine, le traitement largement utilisé à cette époque, avant de s’étendre à l’Afrique.
Aujourd’hui, des résistances au CTA ont déjà été observées au Cambodge, au Myanmar, en Thaïlande et au Viet-nam.
Lutter contre les antipaludiques de mauvaise qualité
« Les conséquences d’une résistance généralisée aux artémisinines seraient catastrophiques, a déclaré le Dr Robert Newman, directeur du Programme mondial de lutte antipaludique. Nous devons intervenir immédiatement pour protéger l’Asie du Sud-Est aujourd’hui et l’Afrique subsaharienne demain. »
L’OMS lance une nouvelle action d’urgence pour contrer la résistance aux artémisinines et appelle « instamment les pays touchés à retirer de la circulation les antipaludiques de mauvaise qualité et les monothérapies orales à base d’artémisinine, leur usage nuisant à l’efficacité de l’artémisinine et des médicaments avec lesquels ils sont associés dans les CTA ». Selon une évaluation menée au mois d’avril de cette année par l’OMS, au moins 31 sociétés à travers la planète commercialisent encore ces monothérapies. À l’échelle mondiale, 44 pays ont interdit leur commercialisation, mais 14 l’autorisent encore.
L’OMS va également créer à Phnom-Penh un centre régional chargé de soutenir les efforts de lutte contre la résistance grâce au soutien financier de la Fondation Bill & Melinda Gates et l’AusAID. En outre, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a récemment annoncé avoir affecté 100 millions de dollars (76 millions d’euros) pour lutter contre cette menace au cours des trois prochaines années. L’OMS estime toutefois que 300 à 350 millions (230 à 269 millions d’euros) seraient nécessaires en 2013-2015.
Moustiquaire, dépistage et traitement
« 1 500 enfants meurent encore chaque jour du paludisme, c’est inacceptable dans la mesure où il s’agit d’une maladie que l’on peut facilement éviter et soigner. Fournir des moustiquaires imprégnées d’insecticide, ainsi que des tests de dépistage et des traitements adéquats à tous ceux qui en ont besoin est essentiel pour limiter les décès d’enfants liés à la maladie », alerte Michèle Barzach, présidente de l’UNICEF France. Si le taux de couverture universelle – une moustiquaire pour deux personnes – était atteint, « cette méthode simple et efficace pourrait entraîner une réduction de la mortalité de l’enfant allant jusqu’à 20 % ».
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