À la veille de la conférence international sur le sida qui doit s’ouvrir à Melbourne (Australie) dimanche prochain (20 au 25 juillet), l’Organisation mondiale de la santé publie de nouvelles recommandations sur le VIH/sida.
L’organisation part du constat d’un « échec » de la lutte contre l’infection dans catégories les plus vulnérables de la population : homosexuels, détenus, usagers de drogues injectables, travailleurs du sexe et transsexuels. L’incapacité à leur fournir des soins adaptés « met en péril les progrès déjà réalisés », s’inquiète l’OMS. Dans de nombreux pays, ces personnes les plus à risque sont exclues des programmes nationaux de lutte contre le VIH/sida ou sont victimes de lois et de politiques discriminatoires. Les nouvelles mesures visent à réduire le nombre de nouvelles infections dans ces catégories de la population et à améliorer l’accès au dépistage, aux traitements et aux soins.
Une incidence près de 20 fois supérieure
L’épidémie de VIH/sida parmi les homosexuels est pour l’OMS, une source particulière d’inquiétude. « Les taux d’infection parmi aux hommes ayant des relations sexuelles restent partout élevés et de nouvelles solutions deviennent urgentes », souligne l’OMS. Pour la première fois, le recours à une stratégie PrEP chez les homosexuels. Pour la première fois, l’OMS « recommande fortement aux hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes le recours aux traitements antirétroviraux en prévention (PrEP) en complément de l’utilisation des préservatifs ».
Selon les évaluations réalisées, cette mesure permettrait de réduire de 20-25 % l’incidence du VIH et éviterait jusqu’à 1 million de nouvelles infections en 10 ans dans cette population. L’incidence chez les homosexuels est 19 fois plus importante que celle de la population générale. Elle est jusqu’à 50 fois plus élevée chez les transsexuels et chez les usagers de drogues que dans la population adulte. Chez les travailleuses du sexe, ce taux de nouvelles infections est 14 fois plus élevé que chez les autres femmes.
En mai dernier, les autorités sanitaires américaines ont recommandé l’utilisation d’antirétroviraux de façon préventive contre le sida pour tous les groupes à risque, notamment les homosexuels, dans l’espoir de réduire le nombre des nouvelles contaminations, inchangé depuis vingt ans.
Appel à des solutions audacieuses
Selon l’OMS à la fin 2013, quelque 13 millions de personnes avec le VIH bénéficiaient d’un traitement antirétroviral dont 11,7 millions dans les pays à moyens et à bas revenus. L’accès aux antirétroviraux a permis de faire chuter la mortalité 20 % entre 2009 et 2012. Si la bataille pour l’accès aux traitements a fait de sensibles progrès, cela est moins vrai pour la prévention, en particulier pour les populations vulnérables, les gouvernements ayant tendance à privilégier la prévention en population générale. « Des politiques audacieuses peuvent aboutir à des résultats audacieux », souligne le Dr Rachel Baggaley (OMS) en citant l’exemple de pays comme la Thaïlande qui a été l’un des premiers à mettre en place des programmes pour la santé des travailleuses du sexe visant à réduire l’incidence du VIH. La Malaisie, l’Espagne, la République de Tanzanie ont aussi fait des progrès en faveur des programmes de réduction des risques (produits de substitution, échanges d’aiguilles et de seringues).
En France, AIDES réclame une RTU
Réagissant aux recommandations de l’OMS, l’association AIDES s’est félicitée de la prise de position de l’OMS en faveur de la stratégie PrEP et a appelé les autorités françaises à « sortir de l’immobilisme ». « Il est urgent d’ouvrir, dans le cadre d’une recommandation temporaire d’utilisation (RTU), l’accès au traitement préventif pour un public qui, rappelons-le, a déjà payé le plus lourd tribut à l’épidémie de VIH », a-t-elle lancée à l’adresse de la ministre de la Santé Marisol Touraine.
En France, les discussions sont ouvertes depuis 2012. Deux avis ont été élaborés à la demande de la Direction générale de la santé par le Conseil national du sida (CNS) et par le groupe d’experts sur le VIH en faveur d’un recours encadré de la PrEP. Une étude est en cours, l’essai IPERGAY qui évalue les bénéfices d’une PrEP intermittente. En attendant, AIDES milite pour une RTU pour les personnes à risques qui n’ont pas accès aux essais cliniques.
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