Face à la dégradation continue de la situation en Ukraine depuis le début de l’invasion russe, l’ONU va accroître l’assistance humanitaire destinée à aider les « millions de personnes » en Ukraine « confrontées à la faim et à la diminution de l'approvisionnement en eau et en médicaments », a annoncé António Guterres, secrétaire général de l’ONU, lors d’un point presse le 14 mars.
Après les 20 millions de dollars octroyés dès le 24 février par le Fonds central d'intervention d'urgence (CERF), une nouvelle enveloppe de 40 millions va être débloquée. « Les Nations unies et les partenaires humanitaires s'efforcent d'assurer un passage sûr depuis les zones assiégées et de fournir une aide là où la sécurité le permet. Plus de 600 000 personnes ont reçu une forme d'aide », a détaillé António Guterres, soulignant « l'importance cruciale du respect du droit international humanitaire ».
Un effort de secours « massif » en Ukraine
« Face à cette crise sinistre et qui s'aggrave, nous mobilisons un effort de secours massif », a ajouté le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les affaires humanitaires, Martin Griffiths. « Ces fonds sont essentiels pour lancer immédiatement les opérations », alors que de nombreux Ukrainiens « sont incapables de quitter leur domicile en raison des violents combats dans des villes telles que Marioupol, Kharkiv et Kiev », poursuit-il, rappelant que l’ONU a recensé « 24 attaques contre des établissements de santé » à ce jour.
Mais l’inquiétude ne porte pas seulement sur l’Ukraine, ses pénuries et ses millions de personnes déplacées (au moins 1,9 million de personnes à l'intérieur du pays et plus de 2,8 millions ailleurs). Le chef de l’ONU alerte sur les conséquences de la guerre sur le système alimentaire mondial, alors que la Russie et l'Ukraine représentent plus de la moitié de l'approvisionnement mondial en huile de tournesol et environ 30 % de celui en blé. « L'Ukraine fournit à elle seule plus de la moitié de l'approvisionnement en blé du Programme alimentaire mondial (PAM) », souligne un communiqué de l’ONU.
« La guerre en Ukraine signifie la faim en Afrique »
Les craintes sont particulièrement vives pour la sécurité alimentaire de nombreux pays africains et parmi les moins avancés, dépendants des importations. Quarante-cinq d’entre eux importent au moins un tiers de leur blé d'Ukraine ou de Russie, et 18 au moins 50 %, indique l’ONU, citant le Burkina Faso, l'Égypte, la République démocratique du Congo, le Liban, la Libye, la Somalie, le Soudan ou encore le Yémen.
Le Fonds monétaire international (FMI) s’inquiète également des retombées de la guerre sur les prix de l'énergie, des matières premières et agricoles. « La guerre en Ukraine signifie la faim en Afrique », a résumé Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, le 13 mars. Des effets immédiats sont attendus dans des pays comme l’Égypte, et l’impact sera également important en Afghanistan, en Éthiopie, en Syrie, au Yémen, prévient un rapport du PAM. « Les prix des céréales ont déjà dépassé ceux du début du printemps arabe et des émeutes de la faim de 2007-2008 », ajoute António Guterres.
Afin d’éviter un « ouragan de faim » et un effondrement du système alimentaire mondial, le chef de l’ONU a annoncé la création d'un Groupe mondial de réponse aux crises en matière d’alimentation, d'énergie et de financement au sein du Secrétariat de l'ONU, tout en estimant que « quelle que soit l'issue, cette guerre n'aura pas de gagnants, mais que des perdants ».
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