L’homme politique Lucien Neuwirth est mort ce mardi 26 novembre peu après minuit à 89 ans, des suites d’une infection pulmonaire, à l’hôpital Rossini-Sainte-Périne à Paris a annoncé son épouse Sophie Huet, journaliste au Figaro et présidente de l’Association des journalistes parlementaires.
Né le 18 mai 1924 à Saint-Étienne, Lucien Neuwirth s’engage dès ses 16 ans dans la Résistance avant de rejoindre les parachutistes de la France libre. Il est grièvement blessé pendant la guerre et fait prisonnier à plusieurs reprises, notamment en tentant de rallier Londres en passant par l’Espagne après l’appel du 18 juin.
À la Libération, il commence une carrière politique dans la lignée de Charles De Gaulle en ralliant le RPF. Il est d’abord conseiller municipal puis adjoint au maire de Saint-Étienne. Lors du putsch d’Alger (13 mai 1958), il est porte-parole du Comité de salut public et directeur de Radio Alger. Il est ensuite élu député (UNR, UDR puis RPR) de la Loire de 1958 à 1981, puis, après la parenthèse de « la vague rose », il devient sénateur RPR de 1983 à 2001.
Liberté de la procréation
Lucien Neuwirth a été sensibilisé très tôt à la question de la procréation. Lors du 40e anniversaire de la loi qui porte son nom, il raconte que tout jeune soldat, à 17 ans, il reçoit des mains d’une militaire irlandaise un comprimé qui donne à l’amour un goût d’éternel recommencement : la « gynonine ». En 1957, alors qu’il est en charge des affaires sociales dans sa ville natale, il est marqué par la confidence d’une femme : « Moi, j’en ai assez, chaque fois que mon mari rentre saoul, il me fait un gosse ! ». Il découvre alors le mouvement Maternité heureuse, qui deviendra le Mouvement français pour le planning familial.
Dix ans plus tard, en décembre 1967, la loi relative à la régulation des naissances, qui portera son nom, est votée puis promulguée non sans heurt dans l’hémicycle. Dans la France très conservatrice d’avant mai 1968, elle autorise la fabrication et l’importation des contraceptifs hormonaux et intra-utérins, leur vente exclusive en pharmacie sur ordonnance médicale, limitée quantitativement et dans le temps, avec autorisation parentale pour les mineures. Il faudra attendre 1972 pour que les derniers décrets d’application soient pris, 1973 pour que sortent les premières autorisations de fabrication de contraceptifs, et 1975 pour que la loi Veil autorise l’interruption volontaire de grossesse (IVG).
« J’ai tout entendu » au Parlement, se souviendra Lucien Neuwirth, qui avait pourtant obtenu l’aval du Général De Gaulle, nataliste, pour présenter sa loi. « À la Libération, on a donné le droit de vote aux femmes, elles l’avaient bien mérité dans la Résistance. Maintenant, les temps sont venus de leur donner le droit de maîtriser leur fécondité, parce que c’est leur fécondité », avait-il argumenté devant le général de Gaulle, qui avait fini par lâcher, après réflexion : « Vous avez raison, transmettre la vie, c’est important, il faut que ce soit un acte lucide. Continuez ».
Pourquoi ce combat a priori contre son camp ? « J’ai été élevé par deux femmes exceptionnelles, raconte-t-il dans une interview enregistrée en 1981 où il apparaît en compagnie de sa fille et de sa petite-fille. Pour moi, hommes et femmes c’est pareil », ajoute-t-il en soulignant que dans les rangs de la Résistance, hommes et femmes combattaient côte à côte.
Résistant, humaniste, et juste
Les hommages se succèdent pour saluer le résistant et l’humaniste audacieux et déterminé que fut Lucien Neuwirth. « Il aura été un acteur déterminant de l’évolution de la société française et restera pour tous comme le parlementaire qui a autorisé l’utilisation de la pilule en 1967. Il a su avec audace s’affranchir de tous les conservatismes et ouvrir un temps nouveau dans l’émancipation des femmes », a réagi le président de la République François Hollande.
Marisol Touraine a salué « en tant que femme, en tant que ministre, la mémoire d’un homme épris de liberté ». Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes a évoqué un « défenseur engagé de la Libération de la France dont le nom restera attaché à jamais à une autre libération, celle des femmes ».
Les présidents de l’Assemblée Nationale Claude Bartolone et du Sénat Jean-Pierre Bel, ont aussi rendu de vibrants hommages à une figure parlementaire éminente qui fut questeur à l’Assemblée nationale et au Sénat.
Marie-Claude Tesson, co-fondatrice du « Quotidien du médecin » et présidente de l’Organisation non gouvernementale Équilibres et Populations créée en 1993, se souvient « d’un homme très engagé, très humain et très modeste ».
« Il a focalisé tous ses efforts dans son combat non pas pour les femmes mais pour la liberté de procréation pour les femmes. Il avait un sens aigu de la justice et trouvait que c’était injuste que les femmes soient seules à porter ce fardeau sans pouvoir y échapper. Il savait que c’était un problème de santé publique. Quand je suis allée lui présenter en 1993 mon projet "Équilibre et population", autour de la liberté et de la santé de la procréation, il a trouvé ça très bien et il a dit "je marche" ».
En 1997, Lucien Neuwirth créé le groupe « Démographie et population mondiale » au Sénat, en écho au groupe « population » fondé par son homologue à l’Assemblée nationale Jean-Michel Dubernard. « Je lui suis très reconnaissante de nous avoir soutenus par ses prises de position et ses engagements. Il nous a jamais fait défaut », insiste Marie-Claude Tesson.
Le taux de micro/nanoplastiques dans l’athérome carotidien est associé à la sévérité des symptômes
Dans la cholécystite, la chirurgie reste préférable chez les sujets âgés
Escmid 2025: de nouvelles options dans l’arsenal contre la gonorrhée et le Staphylococcus aureus
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé