Dans le champ des interventions contre la consommation de tabac, l’accompagnement par un professionnel – médecin, infirmière, conseiller, psychologues – est « toujours efficace », souligne l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (IRDES) en conclusion d’une analyse de 64 revues de littérature. « Un fumeur recevant de l’aide et voulant arrêter aura 80 % de plus de chance que celui voulant arrêter sans aide », indique les auteurs (Michel Grigon de l’IRDES et Jennifer Reddock de la McMaster University au Canada).
En revanche si les hausses de prix des cigarettes s’avèrent efficaces en matière de régulation de la consommation totale de tabac (« à condition d’être supérieures à l’augmentation du revenu moyen »), « aucune étude ne dit si elles le sont auprès des fumeurs les plus en danger, qui fument beaucoup depuis longtemps », écrivent les auteurs.
En outre, les politiques de hausse tarifaire ne semblent pas « dissuader fortement l’initiation tabagique », en particulier chez les moins de 16 ans qui se font souvent donner les cigarettes qu’ils fument ou les achètent avec l’argent de poche dont le montant peut être augmenté par les parents. Chez ces jeunes, les interventions communautaires pour les dissuader de toucher au tabac apparaissent bien plus efficaces, en diminuant en moyenne la proportion de fumeurs réguliers de 3 à 17 %.
L’importance de la date d’arrêt
En matière d’arrêt du tabagisme, « un médecin prescrivant une date d’arrêt aura beaucoup plus d’impact qu’un médecin ne le faisant pas », soulignent les auteurs qui évoquent une probabilité de succès augmentée de « 300 % environ » comparée à l’absence d’intervention. D’après cette revue de revues de littérature, « les combinaisons les plus efficaces sont des professionnels de santé formés et dotés d’outils d’aide à l’arrêt » (comme la conduite d’entretiens motivationnels ou l’appui d’interventions utilisant internet ou des téléphones portables). S’agissant des substituts nicotiniques, les médecins les prescrivant n’ont pas plus d’impact que ceux qui n’en prescrivent pas, poursuivent les auteurs.
En revanche, dans les pays où des psychologues ou des conseillers sont autorisés à prescrire des substituts nicotiniques, leur intervention est jugée plus efficace par rapport à ceux qui n’en prescrivent pas. Sur ce dernier point, cet enseignement s’avère « difficilement extrapolables à la France où les psychologues ne peuvent pas prescrire de TSN et où les conseillers n’ont pas d’équivalent dans le système de santé », commentent les auteurs de cette analyse de revues de littérature où très peu d’études repérées dans ces publications font finalement référence à des initiatives françaises.
Des actions rentables
D’un point de vue économique, « toutes les formes d’aide au sevrage semblent très efficaces en termes de coût », considèrent les auteurs.
Ainsi, la prise en charge des substituts nicotiniques coûte « entre 80 et 1 793 euros par arrêt » ; une intervention pour faire décrocher du tabac en combinant substituts et avis du médecin, « 83 euros par arrêt » ; les substituts nicotiniques, « autour de 5 000 euros en général par année de vie sauvée et jamais plus de 16 000 euros » ; une intervention dans les écoles pour dissuader de commencer à fumer par la pression des pairs, « 874 euros par fumeur évité » ; une thérapie de groupe, «6 745 euros par année de vie sauvée», résument les auteurs.
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