Prévention, dépistage, accès aux soins, stratégie nationale, implication des patients... Selon le premier indice européen de performance pour la lutte contre les hépatites réalisé par le cabinet Health Consumer powerhouse pour l’European Liver patients association (ELPA), la France arrive aujourd’hui en tête d’un classement de 30 pays. Avec un total de 822 points, elle se place ainsi devant la Slovénie (827), l’Allemagne (797), la Suède (766) et le Portugal (752). La République tchèque (605), la Hongrie (591), la Lettonie (583), l’Estonie (576) et la Lituanie (555) sont en queue du classement. D’après les estimations, 23 millions d’Européens sont atteints d’une hépatite B et/ou C. Or, le taux de dépistage des personnes infectées reste extrêmement faible, y compris dans les (rares) pays du Vieux Continent ayant mis en place une stratégie nationale où ce taux demeure bien inférieur à 40 %. « Il oscille par exemple entre 14 et 18 % dans des pays comme le Royaume-Uni ou l’Allemagne. Dans la plupart des autres pays, il varie de 0,3 % (Grèce), à 3 % (Pologne). En d’autres termes, des millions d’Européens atteints d’une forme d’hépatite virale sont aujourd’hui encore dans l’ignorance », constatent l’ELPA et la Fédération SOS Hépatites dans un communiqué. En France, les hépatites tuent chaque année 5 000 personnes. Environ 280 000 patients sont atteints d’hépatite B et plus d’un sur deux l’ignore. Sur les 230 000 personnes atteintes d’hépatites C, plus d’une personne sur trois n’est pas encore dépistée.
Bonne note à relativiser
Pour SOS Hépatites, « la note d’excellence de la France (…) n’a de valeur qu’au regard du contexte européen et doit être analysée intrinsèquement ». Elle reflète notamment les actions insufflées par le plan national de lutte contre les hépatites B et C (2009-2012). Si la Fédération se félicite de l’existence d’une stratégie nationale, « celle-ci ne fait que finaliser les pratiques existantes, qu’il s’agisse de la recherche, de l’excellence des pôles de référence, de l’accessibilité aux soins et aux traitements, de l’existence des ATU de cohorte ou de l’accès à des traitements de proximité ». Elle regrette par ailleurs que cette stratégie demeure « essentiellement focalisée sur les soins » au détriment d’une « prévention en termes de réduction des risques sur les cirrhoses et les cancers ». L’indice européen met en avant plusieurs marges de progression du système français dans la prévention des hépatites, qu’il s’agisse de sensibilisation des publics, de la couverture vaccinale anti-VHB pour les nourrissons, de la vaccination pour les populations à risque, de la prise en charge financière de la vaccination VHB ou de la réduction des risques en prison.
Devenir du plan
« Les dispositifs en place pour le dépistage des hépatites et la vaccination contre le VHB ne sont pas à la hauteur des enjeux », souligne la Fédération. « Si la vaccination post-natale contre le VHB a fait des progrès, il n’en reste pas moins que plusieurs générations sont à ce jour sacrifiées », poursuit SOS Hépatites qui s’inquiète par ailleurs du devenir de la stratégie nationale qui arrive cette année à échéance. D’autant qu’au ministère de la Santé, dans un contexte budgétaire restreint, il s’agit aujourd’hui de revoir complètement les priorités et les articulations des très nombreux programmes de santé publique. « Il y aura des économies de structures » en fusionnant des équipes en charge de l’élaboration de ces plans, envisage le Dr Pascal Mélin, président de SOS Hépatites. « Nous avons peur de perdre notre identité dans cette fusion de plans. Mais c’est une volonté politique aujourd’hui », ajoute-t-il.
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