Une étude publiée dans « Population & Sociétés » apporte malgré la crise économique, deux constats plutôt positifs sur la société française. « Contrairement aux attentes, la fécondité se maintient », souligne Gilles Pison, son auteur. Les données sur la mortalité infantile qui classe la France en mauvaise position sont à réinterpréter.
La population française estimée au 1er janvier 2013 atteint les 63,7 millions d’habitants auxquels s’ajoutent les 2,1 millions des départements d’outre-mer, soit un total de 65,8 millions. Hors outre-mer, la hausse est de 0,5 % en 2012, soit 230 000 habitants supplémentaires.
Deux enfants par femme
« Les naissances sont restées au même niveau, mais les décès ont été un peu plus nombreux », relève l’auteur de l’étude. En 2012, la France métropolitaine a accueilli 792 000 nouveau-nés contre 793 000 en 2011. L’indicateur de fécondité reste toujours à 2 enfants par femme. De plus, la tendance observée depuis 35 ans à avoir des enfants de plus en plus tard se poursuit. Les femmes qui ont accouché en 2012 avaient en moyenne 30,1 ans (26,5 ans en 1977). La génération des femmes nées en 1962 – qui ont donc atteint 50 ans en 2012 et ont achevé leur vie féconde - ont eu en moyenne 2,08 enfants. Celles nées en 1972 – qui ont eu 40 ans en 2012 – ont déjà 1,93 enfant et auront sans doute au moins 2 enfants au total.
À l’inverse de ce qui se passe dans les autres pays développés – les États-Unis qui sont passés de 2,12 enfants par femme en 2007 à 1,89 en 2011 ; l’Islande qui a reculé de 2,23 en 2009 à 2,02 en 2011 –, les Françaises semblent indifférentes à l’incertitude suscitée par la crise. « La crise a pour particularité d’être survenue au moment où la fécondité des pays occidentaux, longtemps très basse, commençait à remonter », souligne Gilles Pison. Les femmes avaient cessé de reporter à plus tard leurs maternités. La récession économique a inversé la tendance et fait chuter la fécondité.
Des statistiques à revoir
Pour expliquer cette baisse « moins marquée » de la fécondité des Françaises, l’auteur avance plusieurs hypothèses : une récession moins forte, une économie qui a mieux résisté, des politiques sociales qui ont permis d’amortir le choc. Toutefois, note l’auteur : « Sans le ralentissement dû à la crise, les naissances auraient sans doute été plus nombreuses en 2011 et 2012 et l’indicateur de fécondité aurait pu dépasser le seuil de deux enfants par femme. »
Concernant la mortinatalité, l’auteur reprend les mêmes arguments déjà avancés par l’Académie nationale de médecine pour expliquer que « les comparaisons avec les pays voisins ont perdu toute signification ». Jusqu’en 2001, le taux de mortinatalité n’a cessé de baisser jusqu’à ce que la France s’aligne sur les normes OMS – les décès étaient déclarés dès la 22e semaine au lieu de la 28e semaine, ce qui a quasi doublé le nombre de mort-nés. Le décret du 20 août 2008 a achevé ensuite de fausser toute interprétation. La France serait ainsi « bonne dernière » avec un taux de 10,1 pour 1 000 en 2010 (7,8 pour la Bulgarie, 5,1 pour le Royaume-Uni, 3,6 pour l’Allemagne). Concernant les naissances vivantes, la mortalité de 3,3 pour 1 000 placerait la France en 10e position.
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque