La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé ce matin avoir « commandé une enquête » afin d’évaluer le rapport « bénéfices-risques » des cigarettes électroniques, utilisées par un nombre croissant de personnes pour arrêter de fumer. La ministre a estimé qu’il fallait faire « preuve de prudence » face à ce produit qui aurait un demi-million d’adeptes en France, d’après les chiffres fournis par les fabricants. La ministre a aussi indiqué qu’elle avait demandé à ses services de lui dire « très précisément de quel type de produit il s’agit ».
Depuis l’interdiction de fumer dans les lieux publics, la e-cigarette s’est imposée comme une alternative à la cigarette classique dont elle reproduit l’apparence, mais en émettant une vapeur inoffensive pour l’entourage. Mais sont statut reste ambigu et ses effets sur la santé mal connus.
À la veille du 17e Congrès de pneumologie de la langue française en février dernier, le Pr Bertrand Dautzenberg demandait que leur utilisation soit mieux encadrer : « Pour nos autorités réglementaires, en l’absence de certitudes, il convient d’encadrer sans délai et de façon adaptée, au nom du principe de précaution, ces produits tant qu’ils n’ont pas fait preuve de leur innocuité. »
Manque de données
Certains spécialistes conviennent que la e-cigarette est vraisemblablement moins nocive que la vraie cigarette, mais ils relèvent pour la plupart que les données sont pour l’heure insuffisantes. « Nous n’avons pas assez de recul », reconnaît le Pr Bertrand Dautzenberg (hôpital de la Pitié-Salpêtrière) qui ajoute : « Ma recommandation est que si vous êtes un gros fumeur, c’est peut-être bien de passer à la cigarette électronique, mais ne l’utilisez pas trop longtemps. »
Même réticence chez le Dr Yves Nadjari, cardiologue tabacologue attaché à l’hôpital Cochin à Paris : « Si quelqu’un a réussi à arrêter de fumer avec la cigarette électronique c’est bien, mais on déconseille aux gens de mettre un pied dans la cigarette électronique. »
La principale crainte des tabacologues est que la cigarette électronique devienne un produit d’initiation pour les jeunes. Selon une étude récente faite à Paris, 64 % des jeunes de 12 à 14 ans qui avaient essayé la e-cigarette n’avaient encore jamais fumé auparavant, souligne le Pr Dautzenberg. Dès 2008, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) avait estimé que ces cigarettes ne pouvaient pas être considérées comme une thérapie légitime permettant d’aider les fumeurs à cesser de fumer. Elles sont déjà interdites dans plusieurs pays, dont la Turquie, le Brésil, l’Argentine et Singapour.
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