Pour affirmer son opposition à la pénalisation des clients prévue dans la proposition de loi contre le système prostitutionnel examiné demain à l’assemblée, l’association médecin du monde (MDM) a adressé à chacun des 577 députés un DVD rassemblant six témoignages de prostituées.
Selon MDM, la mesure « favorisera le développement d’une prostitution dans les lieux plus isolés. Cette clandestinité rendra l’exercice de la prostitution plus dangereux, en termes de santé et de sécurité ». Et de citer l’éloignement des structures de soins, de dépistage et de prévention, la réduction du pouvoir de négociation avec un client forçant les personnes à accepter certaines pratiques ou rapports non protégés et l’augmentation des violences auxquels est déjà exposée cette population.
« Non seulement la pénalisation des clients est contre-productive en termes de santé publique et de réduction des risques, mais elle rend aussi caduque l’ensemble des mesures sociales prévues par le texte de loi, notamment une série d’aides aux personnes qui accepteraient de s’inscrire dans un "parcours de sortie de la prostitution" », explique l’association. « S’il faut lutter avec vigueur contre la traite des êtres humains, les trafics et les violences, il faut d’emblée envisager les effets collatéraux délétères qu’induira la pénalisation des clients », renchérit le Dr Jean-François Corty, directeur des Missions France.
« C’est le client qui choisit »
« Cette loi est censée nous aider... au contraire elle va nous forcer à nous cacher dans des endroits dangereux », explique par exemple Fanny d’origine latino-américaine en France depuis 25 ans. « J’ai vraiment essayé de changer de vie, de changer de travail... j’ai frappé à beaucoup de portes mais elles se sont fermées ».
A Lan, d’origine chinoise, en France depuis 3 ans et demi, fait observer : « En général, c’est le client qui choisit le lieu où l’on va. S’il a peur d’être arrêté, il nous emmènera dans des lieux plus cachés », prévient-elle en suppliant « les députés de ne pas adopter cette loi ». Même témoignage chez Lili, elle aussi chinoise, elle aussi venue en France parce que sa famille était très endettée, qui raconte un accident de rupture de préservatif où le client a accepté un test de dépistage, ce qui a évité qu’elle ne prenne un traitement préventif contre le VIH. « Si le client a peur d’une amende, il ne sera pas d’accord pour nous accompagner à l’hôpital ». Originaire du Nigeria, Stefany, 25 ans, a peur : « j’ai déjà été menacée. Je suis terrorisée à l’idée de me cacher à cause de cette loi ».
Le texte de loi propose notamment de punir l’achat d’actes sexuels d’une amende de 1 500 euros, doublée en cas de récidive. Un « stage de sensibilisation à la lutte contre l’achat d’actes sexuels » est aussi prévu.
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