Médecine libérale : sortir du flou, rassurer une profession aux aguets

Publié le 10/05/2012
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François Hollande, qui n’était pas le premier choix des médecins libéraux, s’est essentiellement adressé à l’hôpital public ces dernières semaines. En février, lors d’un discours santé à l’hôpital Robert-Debré, il avait promis l’arrêt de la convergence tarifaire et une évolution de la tarification à l’activité (T2A). Ce discours a déconcerté les médecins libéraux à l’instar de la FMF qui ont ouvertement dénoncé des propos « hospitalo-centrés ». D’autant que, très tôt, le candidat socialiste a exprimé sa volonté de freiner les nouvelles implantations en secteur II dans les zones surdotées et d’encadrer les dépassements d’honoraires par spécialité et par région. Le candidat a eu beau assurer qu’il n’envisageait pas de « fermer » le secteur II, le doute s’est instillé dans les esprits. Les syndicats de médecins libéraux sont montés au front pour refuser tout « encadrement arbitraire » de leurs honoraires. « Ce qui est écrit dans le programme de François Hollande est assez clair, alerte le Dr Michel Chassang, président de la CSMF. Des négociations seront engagées pour plafonner les dépassements d’honoraires et limiter les installations en secteur 2. À défaut d’accord sur ce point, le candidat socialiste a prévenu qu’il agirait par la voie du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) ». Selon les premiers contacts établis avec l’entourage du chef de l’État, le président de la CSMF est persuadé que le nouveau gouvernement entend s’atteler prioritairement à ce sujet.

Depuis février, François Hollande a donné une tonalité plus « libérale » à son programme santé. Il entend déployer un plan d’urgence pour aider les jeunes médecins à s’installer, en leur permettant de réaliser l’ensemble de leurs démarches administratives grâce à un guichet unique. Surtout, alors que d’aucuns redoutaient une politique de coercition, François Hollande a promis qu’il préserverait la liberté d’installation. Il s’est engagé, pour sécuriser l’accès aux soins, à créer dans chaque territoire un pôle de santé de proximité (maison de santé, centre de santé ou hôpital local). Mais là encore, le nouveau président devra veiller à ne pas imposer un cadre trop rigide aux professionnels s’il veut que ces derniers y adhérent.

Enfin, le candidat socialiste a assuré qu’il relèverait l’objectif national des dépenses d’assurance-maladie (ONDAM) pour le porter à 3 %. Les professionnels libéraux ont indiqué qu’ils souhaitaient que les soins de ville soient favorisés. Plus que sur ses engagements, au demeurant assez flous, le président socialiste sait qu’il sera jugé sur ses actes.

 CH. G.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9124