La Société française d’anesthésie réanimation rapporte un cas d’intoxication mortelle par des vapeurs de chloramine dégagées par un mélange de produits ménagers courants. « Il paraît important de sensibiliser le public avec des consignes encore plus explicites », en concluent les auteurs.
Madame M., âgée de 57 ans, a nettoyé sa salle de bains avec un mélange d’eau de Javel et de produit décapant à base d’ammoniaque. Elle est prise de difficultés respiratoires sévères, avec sibilants audibles au téléphone, difficultés d’élocution, cyanose labiale. Rapidement des troubles de la conscience apparaissent, puis un arrêt ventilatoire. Elle arrive aux urgences en asystolie.
À la laryngoscopie, il n’y a pas d’œdème laryngé, ni de sécrétions trachéales. L’ECG montre un bloc de branche gauche sans anomalie du segment ST. La malade n’avait pas d’antécédents d’asthme, ni de tabagisme. Seulement une hypertension artérielle traitée par labétalol. L’évolution s’est grevée d’un état de choc avec une PAM à 51 mm, des difficultés ventilatoires avec une spasticité bronchique importante. La radio pulmonaire ne montre pas de signe d’œdème aigu du poumon, ni de syndrome interstitiel.
Formation de chloramines
Le lendemain de son admission, la patiente est décédée « des suites d’une anoxie cérébrale consécutive à un bronchospasme persistant lié à l’inhalation d’un mélange toxique de produits ménagers ».
Le mélange d’eau de Javel avec des produits ménagers ammoniaqués provoque la formation de chloramines, composés chimiques caractérisés par le groupement «-N-Cl ». Ces gaz ont un pouvoir irritant sur le tractus respiratoire et provoquent pleurs, rhinorrhée, toux, dyspnée et nausées. Ils ont aussi un pouvoir toxique direct pouvant conduire à une pneumopathie toxique.
Les chloramines se concentrent dans les voies aériennes distales et les alvéoles. Elles s’hydrolysent en ammoniaque et en acide chlorhydrique, avec un grave effet toxique direct sur les muqueuses. D’autres complications ont été décrites, telles des crises d’asthme transitoires ou prolongées. Dans notre cas, la détresse respiratoire ayant abouti à l’arrêt cardiaque semble être liée uniquement à une crise d’asthme prolongée. « À notre connaissance, il s’agit du deuxième cas de décès attribuable à l’inhalation de chloramines à domicile », écrivent les auteurs.
Ann Fr Anesth Reanim (2013)
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