Une enquête d’AIDES

Moins de la moitié des séropositifs ont un emploi

Publié le 28/10/2011
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L’ENQUÊTE, réalisée en octobre 2010, montre que 46 % des personnes séropositives exercent une activité professionnelle et qu’une sur six (18 %) est privée d’activité alors même qu’elle voudrait travailler. L’arrivée des trithérapies a prolongé l’espérance de vie des personnes contaminées par le VIH en même temps qu’elle améliorait leur accès à l’emploi. Le taux d’emploi est de 58 % pour les personnes contaminées après 1997 et de 37 % pour celles qui ont été infectées avant le recours généralisé aux combinaisons d’antirétroviraux. Parmi ceux qui ont un emploi, seulement 22 % sont reconnus comme travailleur handicapé et 9,2 % ont recours à un temps partiel thérapeutique.

En terme de revenus, 39,5 % des séropositifs et/ou atteints d’une hépatite B ou C ont touché moins de 950 euros par mois en moyenne sur l’année écoulée, ce qui les situe en deçà du seuil de pauvreté.

Une norme à appliquer.

En juin 2010, l’OIT a adopté une recommandation sur le VIH/sida et le monde du travail pour renforcer la protection des personnes séropositives qui mènent une vie active. C’est « la première norme internationale jamais adoptée sur le VIH/sida », a souligné Gilles de Robien, ambassadeur de France auprès de l’organisation. Le colloque, qui s’est tenu le 25 octobre, avait le double objectif, de populariser le texte en France et d’interpeller tous les acteurs pour une meilleure application du texte. « Le problème de la séropositivité au travail ne concerne pas seulement les pays pauvres. C’est aussi un problème européen, avec des enjeux politiques et financiers », souligne l’OIT.

« Dans une relation de travail, le risque de transmettre à un collègue est en dessous de zéro. Les peurs qui existent dans le monde du travail par rapport aux risques que font courir les personnes séropositives à leurs collègues ne reposent sur absolument plus rien de médical », a expliqué Michel Simon, vice-président d’AIDES. Cette peur explique que 62 % des séropositifs gardent leur pathologie secrète, ce qui constitue un frein à l’application du texte. Séverine Fouran Peralta, chargée de mission emploi à Sidaction, l’a souligné : « Le recours au droit oblige à nommer la maladie », ce qui constitue « un véritable obstacle ». Reste, comme l’a indiqué Marc Boisnel (ministère du Travail et de la Santé), qu’il faut « faire progresser l’application effective » de cette norme en France, même s’il existe, selon lui, « une concordance entre la recommandation et l’état des actions » mises en œuvre.

 Dr L. A.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9034