Marseille n’offre plus ni douches, ni sanitaires publics, ni fontaines à ses habitants. Avec de graves conséquences sanitaires pour les personnes les plus précaires. Médecins du Monde, la Fondation Abbé Pierre et la FNARS PACA et Corse demandent aux candidats de s’engager pour offrir « l’accès à l’eau pour tous en 2014 ».
Placer la santé au cœur des élections municipales, tel est l’enjeu de diverses opérations menées par des associations de lutte contre les exclusions pour faire entendre la voix des plus démunis. Les constats qu’elles font depuis plusieurs années, sont terribles dans cette ville où vivent plus de 30 % de personnes en dessous du seuil de pauvreté dont près de 12 000 à la rue, à un moment donné de leur vie. Pour elles, pouvoir prendre une douche est devenu un luxe inestimable. Cela ressemble surtout à un parcours du combattant pour y accéder, avec une dizaine de douches en accès libre et gratuit seulement, placées sous responsabilité associative. « Certains doivent patienter une semaine avant de pouvoir se laver », souligne Fathi Bouaroua, directeur de l’antenne régionale de la fondation Abbé-Pierre.
Péril fécal
Les douches publiques ont fermé il y a plus d’une trentaine d’années. Et il n’existe qu’une demi-douzaine de sanitaires publics souvent hors d’usage. À Marseille encore, la majorité des fontaines publiques sont cassées et il n’est pas envisagé de travaux pour les remettre en état dans les prochaines années.
« Tout ceci signifie des incidences sur la santé individuelle et sur la santé publique, souligne Philippe Rodier, délégué général de médecins du Monde. Individuellement, quand on n’a pas d’accès à l’eau potable, on s’expose à la déshydratation, et quand on fait des biberons en puisant l’eau dans des jerricanes, on s’expose à la contamination, à des diarrhées. »
Il ajoute : « En privant les gens d’accès à la douche, on s’expose à des dermatoses, parasitaires ou bactériennes et en l’absence de toilettes propres d’accès digne et gratuit, on s’expose au péril fécal. C’est ce qu’on a pu constater à Marseille en 2013, avec une épidémie d’hépatite A qui est l’illustration de ce que peut être encore en 2014 le péril fécal, dans une ville occidentale de 800 000 habitants. »
Le droit à l’eau a pourtant été reconnu comme fondamental par l’Assemblée générale de l’ONU en 2010. En France, il est de la responsabilité des maires et des communautés urbaines de le rendre effectif pour l’ensemble de la population, précaire ou non. « Il faut que l’espace public urbain soit organisé et équipé en fonction de la réalité physiologique des individus qui la fréquentent, poursuit le docteur Philippe Rodier, sinon on est à côté de la plaque. »
Tous les candidats aux élections municipales ont été invités à signer une charte d’engagement en cinq points pour permettre l’accès à l’eau à tous. Ils l’ont fait ce jeudi 27 février, devant la Mairie de Marseille. Les associations espèrent surtout que ce ne seront pas que des promesses de campagne...
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