LE QUOTIDIEN : La ministre de la Santé évoque un chiffre de 10 morts supplémentaires au cours des précédents mois, d'où vient ce chiffre ?
Dr VALÉRIE DENUX : Il s'agit d'un surplus de décès relevé sur les registres de la morgue du CHU, observé entre fin février et début mars. Dans un premier temps, l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (IRDES) avait calculé que la mortalité pour l'ensemble de la Guadeloupe était de 53 par semaine pour la période allant de décembre 2017 à mars 2018, contre 56 par semaine lors de la même période un an avant. Si on regarde les registres de la morgue du CHU, il n'y a pas de différence sur l'ensemble de la période.
Dans le détail, il y a en revanche des variations que nous devons investiguer. Il y a eu par exemple moins de corps admis à la morgue en décembre 2017 qu’en décembre 2016, ce qui peut s'expliquer par l'évacuation provoquée par l'incendie. A contrario, il y en a eu davantage sur la période qui va de fin février à début mars. C'est là que l'on observe cette surmortalité de 10 décès. Par ailleurs, si nous regardons les événements indésirables graves survenus au CHU, on en compte 9 entre décembre 2016 et mars 2017, et 16 entre décembre 2017 et mars 2018. Nous sommes en train de les analyser. Nous devrions avoir les résultats définitifs au cours du mois de mai.
Comment savoir si cette surmortalité est liée aux problèmes rencontrés par le CHU ?
Les services de l’ARS et la Cellules d'intervention en région (CIRE) de l'agence Santé publique France (SPF) ont commencé à décortiquer tous les actes de décès de l'île. Nous avons déjà analysé les actes de décès jusqu'à février, et n'avons pas observé de surmortalité qui pourrait être imputée à une perte de chance dans le CHU. Nous attaquons maintenant la période de fin février à début mars, celle pour laquelle nous avons le plus de doutes.
Au cours de l'enquête, nous regardons les lieux de décès ainsi que les lieux où les corps ont été entreposés. Nous sommes particulièrement attentifs aux causes de décès. Si c'est une personne jeune qui décède ou si son décès a lieu pendant ou peu après un acte chirurgical, cela peut être le signe d'un dysfonctionnement.
Lors de votre présentation de jeudi dernier, vous avez évoqué un délai d'un mois avant une décision définitive concernant la réorganisation du CHU. Que va-t-il se passer dans cet intervalle ?
Ce délai est nécessaire pour la réalisation d'une étude de faisabilité des deux options possibles pour la tour sud : une décontamination par zone sur site occupé, qui implique que les services soient successivement et temporairement délocalisés, ou une délocalisation totale définitive en attendant la construction du nouveau CHU.
L'étude de faisabilité nous aidera à choisir entre ces deux possibilités. Un point important est l'étude des possibilités offertes par le terrain retenu pour installer les bâtiments modulaires qui doivent accueillir les pôles lors de leur délocalisation. Les experts doivent nous dire si l'espace est suffisant, si une dalle est nécessaire, etc.
Pouvez-vous nous faire un point sur la disponibilité des blocs chirurgicaux ?
Les 2 blocs mobiles ont été montés et une commission de sécurité doit passer dans les prochains jours. Toute l'activité chirurgicale programmée qui n'est pas envoyée en Martinique ou en métropole se déroule à la clinique des Eaux Claires. Pour l'instant, les urgences sont restées installées dans les locaux du CHU, qui utilisent une salle d’endoscopie où il est possible de faire du déchocage.
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