Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) publie sur son site une actualisation de son avis du 19 mars dernier, relatif à la prise en charge des patients suspects d’infection dues au nouveau coronavirus.
Conformément à la décision du Comité international de taxonomie des virus, le nouveau virus est aujourd’hui dénommé MERS-CoV (Middle East Respiratory Syndrome Coronavirus). Cette dénomination remplace les abréviations antérieures NCoV (novel coronavirus) ou EMC-CoV (Erasmus Medical Center coronavirus).
Le HCSP souligne que les connaissances sur les modes de transmission de ce virus émergent sont encore, à ce stade, « limitées ». Les mesures d’hygiène complémentaires préconisées dans ce nouvel avis visent, compte tenu de ce constat, à prévenir la transmission par voie aérienne et la transmission par contact direct ou indirect dites « précautions complémentaires de type "air" et de type"Contact" ».
Manque de données et incertitudes
Le HCSP constate le manque de données sur la survie du virus dans l’environnement et l’efficacité des produits et stratégies de désinfection du virus MERS-CoV. Une revue des études a été réalisée sur des virus comparables : coronavirus humains (HCoV) ou SRAS (SRAS-CoV).
Les résultats sont « difficiles à interpréter du fait de méthodologies différentes mais confirment la capacité de ces virus, malgré leur caractère enveloppé, à résister dans l’environnement et à garder leur pouvoir infectieux notamment au sein de matériels organiques (sécrétions biologiques) », souligne le HCSP. Quant à l’activité des désinfectants, il « persiste des incertitudes sur l’efficacité des produits détergents désinfectants habituellement utilisés dans les établissements de soins ».
Le HCSP cite, à ce propos, les accidents de laboratoire avec le SARS-CoV du fait d’inactivations chimiques mal contrôlées ou les cas d’infections recensés lors de l’épidémie de SRAS, « sans que les professionnels de santé aient eu des contacts directs avec les patients, suggérant un rôle de l’environnement comme réservoir secondaire ».
Dans ce contexte, indique le HCSP, « de virus émergent (avec un très petit nombre de patients répondant à la définition de « cas possibles » et limité en France à ce jour à 2 cas confirmés), ayant un pouvoir pathogène important et donnant des maladies sans traitement spécifique, il est légitime de s’interroger sur la place d’une "stratégie de sécurité" en recourant à la désinfection en trois temps (détersion ou détergent-désinfection, rinçage, désinfection à l’eau de Javel) ». Cette stratégie est déjà bien connue des professionnels de santé, car elle est la « référence pour la désinfection de l’environnement en cas d’infection à Clostridium difficile », précise le Haut Conseil.
Les données actuelles « ne peuvent garantir l’efficacité d’une stratégie de désinfection de l’environnement et des matériels avec les produits habituellement utilisés en France, à savoir des détergents- désinfectants avec souvent comme principes actifs des ammoniums quaternaires ».
Désinfection à l’eau de javel
Le HCSP recommande donc « une désinfection de l’environnement des patients correspondant à des cas possibles ou confirmés ainsi que pour celle des matériels utilisés, après bionettoyage habituel, utilisant une stratégie de désinfection garantissant la virucidie ». Celle-ci peut être obtenue par l’usage d’eau de Javel à une concentration de 0,5 % (5 000 ppm) ou de tout autre produit validé par la norme EN 14 476 suivant les recommandations du fabricant (avec le respect de la concentration et du temps de contact qui doivent être impérativement respectés).
L’avis détaille également la séquence d’utilisation des équipements individuels (habillage et déshabillage) pour la prise en charge des cas confirmés en chambre avec SAS et en chambre sans SAS. Il rappelle que les précautions standard, notamment l’hygiène des mains par friction hydroalcoolique, « sont le premier rempart contre la transmission de tout micro-organisme » et s’appliquent à la prise en charge de tout patient. « Si un patient tousse, il convient de lui proposer de porter un masque chirurgical, cette mesure de prévention faisant partie des précautions standard et une désinfection des mains par un produit hydroalcoolique ».
De même, pour un patient suspect d’une infection respiratoire non encore documentée ou au stade de l’investigation, « il convient de le prendre en charge dans une chambre individuelle et tous les soignants porteront au minimum un masque chirurgical ».
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