Les leçons de Stent for Life

Parfaire l’information du public

Publié le 06/12/2012
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Crédit photo : S TOUBON

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LES DISPARITÉS entre les différents pays sont très importantes en matière de prise en charge de syndromes coronaires. C’est pourquoi l’European Association of Percutaneous Cardiovascular Interventions (EAPCI) a mis en œuvre le projet Stent for Life dans dix pays* dans lesquels le taux d’angioplastie primaire est inférieur à 300 par million d’habitants.

L’étude Stent for Life a pour objectif de comprendre les différentes raisons des différences de prise en charge des syndromes coronaires aigus et de tenter de les améliorer.

En France, ce travail porte sur cinq départements représentatifs du territoire, le Nord, l’Essonne, la Haute-Savoie, la Côte-d’Or et la Haute-Garonne. Elle a porté sur 450 patients ayant un infarctus myocardique aigu de moins de 48 heures, qui ont été recrutés en deux vagues d’un mois.

Une douleur thoracique a été rapportée dans 94 % des cas. Cette douleur a motivé un appel téléphonique trois fois sur quatre. Mais le centre 15 n’a été contacté que dans seulement 49 % des cas. De plus, un service d’urgence, SAMU ou SMUR, n’a été le premier contact médical que dans moins de 50 % des cas.

Dans un second registre réalisé dans les mêmes conditions en novembre 2011, l’étude Stent for Life a montré que la prise en charge s’était améliorée. Le pourcentage de patients reperfusés est plus élevé : 91,5 % en 2011 contre 86 % en 2010. Le pourcentage de patients traités par angioplastie primaire a significativement augmenté, passant de 64 % en 2010 à 72 % en 2011 (p = 0,05). Ces chiffres sont comparables à ceux du registre national FAST-MI, dans lequel le taux d’angioplastie primaire était également de 64 % en 2010.

En France, plus de 90 % de patients sont reperfusés et près de trois malades sur quatre ont bénéficié d’une angioplastie primaire. Il est à noter que le pourcentage de femmes chez lesquelles une reperfusion coronaire n’a pas été pratiquée est passé de 50 % en 2010 à 35 % en 2011.

Réduire le nombre d’intervenants pour diminuer la mortalité hospitalière.

Une difficulté majeure en France reste l’attitude des patients en cas de douleur thoracique. En effet, tant en 2011 qu’en 2010, malgré une campagne d’information destinée au grand public, moins de 50 % des patients ont appelé le centre 15, et l’intervention primaire a été réalisée par le SAMU/SMUR dans moins de six cas sur dix.

Les campagnes d’information et de sensibilisation réalisées dans les cinq départements concernés par l’étude Stent for Life n’ont pas permis de « capter l’attention » du public. Des campagnes d’information doivent donc être entreprises auprès du grand public de telle sorte que l’appel au 15 devienne un réflexe pour tous en cas de douleur thoracique faisant suspecter un infarctus du myocarde. Cette stratégie est particulièrement importante principalement pour deux raisons : le délai d’intervention est doublé en l’absence d’appel au SAMU et la mortalité hospitalière pour infarctus myocardique est directement corrélée avec le nombre d’intervenants dans la chaîne de prise en charge, passant de 4,2 % pour un intervenant à 5,5 % pour deux intervenants et 9,7 % si trois intervenants sont impliqués.

D’après un entretien avec le Pr Martine Gilard, CHU de Brest.

Widimsky P, Wijns W, Fajadet J, et al. Reperfusion therapy for ST elevation acute myocardial infarction in Europe: description of the current situation in 30 countries. Eur Heart J. 2010;31(8):943–957.

* La Bulgarie, l’Égypte, l’Espagne, la France, la Grèce, l’Italie, le Portugal, la Roumanie, la Serbie et la Turquie.

Dr GERARD BOZET

Source : Bilan spécialistes