En 2013, les tout-petits semblent plutôt bien alimentés et leurs mères, plus tolérantes face à leurs désirs. Mais après un an, les parents suivent moins bien les recommandations nutritionnelles. C’est ce que révèle l’étude Nutri-Bébé 2013* qui s’intéresse - tous les 8 ans depuis 1981 - à l’alimentation des enfants de 0 à 3 ans.
Comme pour la précédente étude Nutri-Bébé réalisée en 2005, ce sont les mères qui préparent le repas et nourrissent le plus régulièrement leur enfant : 84 % chez les non allaitantes et 86 % sur l’ensemble de l’échantillon. Pour celles-ci, le repas doit rester un moment de plaisir. Près de la moitié d’entre elles déclare, d’ailleurs, ne pas insister quand leur enfant refuse de consommer certains aliments.
« Toutes les mamans ne sont pas laxistes pour autant : 30 % d’entre elles proposent une autre fois l’aliment initialement refusé par l’enfant. Mais contrairement aux générations précédentes qui le faisaient tout de suite jusqu’à ce que l’enfant accepte, elles le font un peu plus tard, en douceur, au cours des repas suivants », précise le Pr Jean-Pierre Corbeau, professeur émérite de sociologie à l’université de Tours.
Ce sont les mères plus jeunes et primipares qui se fient le plus aux conseils nutritionnels de leur médecin et de leur entourage : 61 % des moins de 25 ans recourent à un avis médical (pédiatres et PMI) et 52 % à celui de leur entourage. Les mères multipares et plus âgées se basent, quant à elles, davantage sur leur expérience.
Le lait de vache consommé trop tôt
Côté allaitement, la France rattrape petit à petit son retard : 46 % des enfants de 15 jours à 3 mois et 16 % de 8 à 11 mois sont allaités, complètement ou partiellement. Les mamans allaitantes ou ayant allaité sont aussi celles qui donnent plus de lait de croissance (32 % contre 25 % pour les mamans non allaitantes), moins de lait de vache (31 % contre 48 %) et plus de produits « faits maison ».
Pour les enfants de moins de 1 an, les parents suivent de mieux en mieux les recommandations nutritionnelles : le passage du lait 1er âge au 2e âge se fait au moment de la diversification et non plus systématiquement à 4 mois. Et, même si le lait de vache reste majoritaire entre 1 et 3 ans, la consommation de lait de croissance tend à se développer : + 8 points par rapport à 2005 pour les 0-36 mois.
En revanche, l’étude révèle des comportements alimentaires inadaptés chez l’enfant à partir de 1 an. « Les mamans qui étaient vigilantes jusqu’à cet âge en utilisant du lait maternel ou infantile et des repas spécifiques (petits pots, laitages spécifiques...) considèrent - à tort - l’enfant de 1 an et plus comme un adulte miniature », regrette le Dr Bocquet. Après 2 ans, seulement 24 % des enfants de 30-35 mois consomment encore du lait de croissance (contre 73 % pour le lait de vache). « Or, introduit avant 3 ans, la consommation de lait de vache peut induire des carences et des excès par rapport aux besoins nutritionnels des tout-petits. Le lait de croissance reste préférable, notamment pour ses apports équilibrés en fer, acides gras essentiels, protéines, vitamines et minéraux », assure le Dr Bocquet.
De mauvaises habitudes alimentaires
Outre le fait que l’apport lacté est constitué trop précocement de lait de vache, dans 88 % des cas les enfants alimentés au lait de vache consomment un lait demi-écrémé et non du lait entier. « Ce qui prive l’enfant de 50 % de l’apport lipidique dont il a tant besoin comme élément de croissance pour son développement cérébral. Nous avons également été surpris de constater que les produits à base de pommes de terre frites - déconseillés avant 3 ans - sont introduits très tôt, entre 8 et 11 mois et consommés par 1/3 des enfants au moins une fois par semaine », note le Dr Bocquet.
Par ailleurs, les sirops et boissons aromatisées non lactées sont consommés tous les jours par 8 % des enfants de 1 an et 13 % à 3 ans. Près d’un tiers de ceux de plus de 2 ans en consomme au moins une fois par semaine. Autre mauvaise habitude : 29 % des enfants prennent leurs repas devant la télévision (ou ont une autre distraction en même temps). Ce premier volet de l’étude Nutri-Bébé 2013 qui met en exergue le « lâcher prise » des parents - en matière d’alimentation de l’enfant âgé d’un an et plus - sera complété par d’autres résultats (disponibles au printemps 2014) axés sur les apports nutritionnels de l’enfant de 0 à 3 ans.
* L’étude Nutri-Bébé 2013 est conduite par le Secteur français des aliments de l’enfance (organisation professionnelle regroupant les acteurs du marché français des aliments pour nourrissons et enfants en bas âge). Pour cette 5e édition, TNS-Sofres a interrogé depuis début 2012, 1 188 mères d’enfants de 15 jours à moins de 36 mois sur les comportements alimentaires de leur enfant.
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