Le nombre des incertitudes est tel que tout pronostic est hasardeux. Mais le réalisme conduit à penser que le score du FN au premier tour permet au Front d’envisager la victoire dans quatre régions, ce qui serait à peine croyable. L’autre évidence est que, par contre-coup, la progression du Front a favorisé la gauche face à la droite et au centre. Un concours de circonstances, la mauvaise humeur de l’électorat à l’égard des partis de gouvernement, de mauvais reports de voix peuvent, dans le pire des cas, laisser LR-MoDem-UDI avec seulement quatre régions, quatre (au maximum) pour le parti de Marine Le Pen, cinq pour la gauche.
En effet, le Front est seul, mais il n’y a pas de front contre le Front. Il est devenu fréquentable, ses électeurs affirment publiquement leur engagement en sa faveur, il n’est plus l’épouvantail qui fait fuir ceux qui ne votent pas encore pour lui, l’opinion l’accepte avec fatalisme et curiosité à la fois : laissons-le avancer, on verra bien ce qu’il en sortira. Autrement dit, le FN qui, chaque jour, gagne des suffrages en jouant sur les peurs des Français (peur du chômage, peur de l’immigration, peur du terrorisme) ne fait plus peur lui-même. C’est pourquoi ceux qui, à droite, ont singé le FN, ne lui ont pris pratiquement aucune voix. Pour les gens, le FN est devenu un parti comme les autres. Sans doute se trompent-ils lourdement, mais droite et gauche ne sauraient bâtir une stratégie qui ne tienne pas compte de cette réalité.
Face à la nouvelle donne, la gauche a une meilleure stratégie que la droite. D’abord, elle n’a pas de mal à convaincre l’extrême gauche et les écologistes qu’ils ont le choix entre elle ou la Bérézina. Ensuite, le cœur sur la main, elle fait, dans deux régions qu’elle juge perdues, un « cadeau » à la droite. Le geste la sanctifie : elle aura fait toute seule le front républicain. Mais, dans les autres régions, elle se battra avec acharnement, notamment en Île-de-France où Valérie Pécresse ne peut pas compter sur les précieux 4 % de Nicolas Dupont-Aignan qui, avec une totale absence de logique, préfère laisser ses électeurs, qui ne lui « appartienent pas », libres de leur choix. Or, si la gauche garde l’Île-de-France, elle en fera une victoire si éclatante qu’elle espère cacher sa défaite ailleurs. Dans les faits et sur le plan de la communication, la droite et le centre vont avoir un second tour très difficile.
Un seul espoir, les abstentionnistes.
Sur quoi leurs espoirs peuvent-ils reposer ? Sur les abstentionnistes du premier tour. Les électeurs du second, effectivement, ne sont pas tous ceux du premier et même le FN peut craindre des défections. On estime à 20 % environ la proportion de l’électorat qui ne vote pas au premier tour mais va aux urnes pour le second. Ce qui ne veut pas dire non plus que ces 20 % vont voter aveuglément pour la droite. Si on peut imaginer que des votants de gauche éprouvent du remords après le triomphe de l’extrême droite et tentent de se racheter après avoir déserté les urnes au premier tour, il n’est pas certain que les électeurs de droite qui se sont abstenus au premier tour soient mobilisés ou galvanisés par un triomphe du FN qu’ils ne perçoivent pas nécessairement comme un danger. Encore une fois, il n’y a pas de front contre le Front. Et dans ce méli-mélo électoral, ce qui apparaît clairement au-delà de la percée du FN, c’est que l’alternance est compromise : si la gauche ne sort que relativement éprouvée des élections régionales, si la droite en sort plus meurtrie qu’elle, les chances de François Hollande qui, entretemps aura revêtu l’habit du super-républicain, se seront améliorées, surtout dans un contexte où une forte partie de l’électorat préfèrera une nouvelle dose de socialisme pour quatre ans à l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite.
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