Une étude publiée dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (« BEH ») de cette semaine fait un état des lieux des connaissances relatives à la santé des personnes incarcérées en France et dans d’autres pays occidentaux.
Peu de pays ont mis en place un système de surveillance spécifique à cette population à part le Canada et la Belgique qui enregistrent toutes les données de santé en continu ou encore le Royaume-Uni, la Suisse, la Finlande et les Pays-Bas qui ont développé des programmes pour les maladies infectieuses ou les pathologies mentales alors que d’autres comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande ou les États-Unis procèdent au moyen d’enquêtes régulières.
5000 références
En France, dans le cadre du plan d’actions stratégiques 2010-2014 sur la « Politique de santé pour les personnes placées sous main de justice », le ministère de la Santé a chargé l’Institut de veille sanitaire (InVS) de réaliser une revue de la littérature sur la question.
Élodie Godin-Blandeau et col. ont ainsi collecté 5 000 références dont 120 ont été retenues. Quinze d’entre elles font l’objet de l’analyse publiée dans le « BEH ». « Malgré certaines limites méthodologiques, les données épidémiologiques disponibles sur la santé des personnes incarcérées rendent compte d’une surreprésentation de nombreuses pathologies dans cette population, notamment en matières de troubles psychiatriques, d’addictions et de maladies infectieuses », notent les auteurs. Ces 3 pathologies sont d’ailleurs les mieux documentées dans la littérature.
En revanche, les maladies chroniques telles que le diabète, l’hypertension artérielle, l’asthme ou encore les dyslipidémies sont encore peu étudiées en prison ; les thématiques comme la dermatologie, la santé bucco-dentaire ou les traumatismes ne le sont que très rarement alors que certains résultats « suggèrent une fréquence élevée en milieu carcéral ».
Prévalence du VIH et du VHC multiplié par 6
En France, seulement 4 études nationales sont disponibles : l’enquête HD-prisons (Handicap, incapacités, dépendance) réalisée en 2001 par l’INSEE et l’INED ; l’enquête de la DREES de 1999 reconduite en 2003 sur la santé des personnes entrant en maison d’arrêt ; l’enquête Cemka-Eval en 2004 sur la prévalence des troubles psychiatriques en milieu carcéral ; l’enquête PREVACAR de 2010 sur la prévalence du VIH, du VHC et des traitements de substitution aux opiacés.
La prévalence du handicap est 2 fois plus élevée en prison qu’en population générale. Par ailleurs, la situation française est similaire à celles des autres pays avec une surreprésentation de toutes les addictions (un tiers des détenus concernés par une addiction à l’alcool ou à la drogue), des troubles mentaux (prévalence de la schizophrénie multipliée par 4) et des maladies infectieuses.
Les résultats de l’étude PREVACAR sont détaillés dans un des articles du « BEH ». Ils montrent une prévalence du VIH et du VHC six fois plus importante qu’en population générale (2 % contre 0,35 % pour le VIH ; 4,8 % contre 0,8 % avec 2,5 % des personnes incarcérées en France étant virémiques pour le VHC).
Vieillissement et pathologies chroniques
Les pathologies chroniques restent en revanche mal connues. Or, soulignent Godin-Blandeau et col., le vieillissement progressif de la population carcérale (au 1er janvier 2012, 16 % des détenus avaient entre 40 et 50 ans, 7,8 % entre 50 et 60 ans et 3,5 % plus de 60 ans) nécessiterait un suivi des pathologies chroniques telles que le diabète, l’hypertension artérielle, l’asthme ou les cancers.
Une étude sur la prise en charge du diabète en détention a été réalisée entre novembre et décembre 2012 dans les unités sanitaires (US) des établissements pénitentiaires. Les résultats publiés dans le même numéro du « BEH » montre une prévalence de 0,77 % du diabète insulino-dépendant en prison, en augmentation par rapport aux données 1999 (0,40 %) mais qui reste inférieure à la prévalence en population générale.
L’étude de Céline Buchaillet et col. souligne par ailleurs que le matériel d’injection d’insuline est désormais autorisé en cellule dans près de 88 % des établissements et le matériel d’autocontrôle dans 90 % des cas. Cette mise à disposition en cellule du matériel d’injection et d’autocontrôle s’est accompagnée d’un nombre limité d’incidents : tentatives de suicide à l’insuline (7) ou détournements d’aiguilles (3). Aucune agression n’a été signalée.
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