Le Haut Conseil de la santé publique vient de publier de nouvelles recommandations sur la conduite à tenir face au risque de résurgence virale chez des patients considérés guéris de maladie à virus Ebola.
L'avis mis en ligne le 3 avril (mais adopté le 14 mars) complète les avis précédents, notamment celui recommandant l'abstinence sexuelle pendant 3 mois pour les convalescents.
« La disparition des symptômes chez les survivants est corrélée à la quasi-disparition du risque de contagion », souligne l'avis mais il peut persister du virus dans certains fluides biologiques jusqu’à plusieurs mois. Ces fluides, « sanctuaires immunologiques », sont principalement le sperme, les urines, les sécrétions vaginales et le lait maternel.
Nouvelles données
Depuis le dernier avis, le HCSP de nouvelles données ont été rapportées, notamment les complications oculaires développées par un médecin américain de 43 ans ; une transmission sexuelle liée à la présence de virus Ebola dans le sperme d’un patient considéré comme guéri a été confirmée au Liberia ; la résurgence du virus dans le liquide céphalorachidien d'une patiente considérée comme guérie a également été documentée par les autorités britanniques.
L'infirmière britannique avait été testée positive en décembre 2014 après une mission en Sierra Leone. Déclarée guérie en janvier 2015, elle a déclaré une méningo-encéphalite avec une RT-PCR positive dans le liquide céphalorachidien (LCR), plus faiblement positive au niveau du sang circulant.
Elle fait partie du contingent de personnes soit rapatriées en Europe depuis la zone affectée (13 patients : 3 en Allemagne, 2 en France, 2 en Espagne, 2 au Royaume-Uni, 1 en Norvège, 1 en Italie, 1 aux Pays-Bas et 1 en Suisse) soit diagnostiqué dans un pays européen (7 cas importés : 1 en Italie, en Espagne et au Royaume-Uni, 4 aux États-Unis). Il n’y a pas eu d’évacuation médicale depuis le 18 mars 2015.
De plus, des données mettent en évidence une fréquence élevée des séquelles (arthralgies, perte d’audition, pathologies oculaires et fatigue extrême) chez les personnes « survivantes », dont le nombre est estimé à 18 000.
Dépistage dans le sperme et les sécrétions vaginales
Compte tenu de tous ces éléments, le HCSP recommande l'exclusion du don du sang et/ou de don d’organe de 12 mois après la sortie de l’hôpital pour les personnes guéries. Le Haut Conseil recommande un suivi ophtalmologique, neurologique ainsi qu'une proposition de dépistage du VIH pour les survivants.
En prévention de la transmission sexuelle, le Haut Conseil recommande un dépistage du virus Ebola dans le sperme ou les sécrétions vaginales 3 mois après l’apparition de la maladie puis, en cas de positivité, tous les mois ensuite jusqu’à obtention de deux résultats négatifs consécutifs à la RT-PCR dans le sperme, avec un intervalle d’une semaine entre les deux tests.
Tout consultant originaire de l’un des pays d’Afrique de l’Ouest ayant été touché par l’épidémie doit faire l’objet d’un interrogatoire à la recherche d’antécédents d'infection à virus Ebola et de contact à risque (sexuel) avec un survivant.
En cas d'antécédent, des précautions doivent être mises en place pour les actes considérés comme à risque : intervention sur gonades, AMP, don de sperme, ponction prostatique, intervention au niveau de l’œil, ponction lombaire...). Il s'agit de retarder l'intervention, sans perte de chances pour le patient, afin de s'assurer de la négativité de deux RT-PCR dans le fluide biologique. En cas d’urgence vitale empêchant la mise en place de cette stratégie, le HCSP conseille de prendre contact avec l’infectiologue référent.
De même pour le traitement, il apparaît, selon le Haut Conseil, « indispensable d’avoir un avis collégial multidisciplinaire (cellule Ebola locale et infectiologue référent, ANSM, InVS) afin de statuer sur la prise en charge thérapeutique la plus adaptée possible en fonction de l’état du patient ». L'avis collégial vaut aussi pour la prise en charge des cas contatcs.
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