Les Français de plus de 80 ans seront 8,4 millions en 2060, soit deux fois plus qu'en 2010. Parmi eux, 2,3 millions seront dépendants. Un défi psychologique, mais aussi financier, souligne la Cour des Comptes dans un rapport consacré au maintien à domicile des personnes âgées en perte d'autonomie, qui dénonce l'impréparation de notre système face aux besoins prévisibles.
Inégalités territoriales et offre illisible
Une très grande majorité des Français (90 %) souhaite vieillir à domicile. Mais à peine plus de la moitié s'estime bien informée des outils disponibles pour répondre à ce désir.
Les disparités territoriales demeurent avec des ressources certes nombreuses (soins ambulatoires ou hospitaliers, secteurs médico-social, social, libéral, services, etc.) mais mal coordonnées et encore marquées par le cloisonnement entre le sanitaire et le médico-social. Et le portail national pour-les-personnes-agees.gouv.fr ne peut se substituer à l'orientation appropriée nécessaire à chacun, lit-on.
La coordination des médecins à repenser
Les sages dénoncent ensuite une accumulation illisible de dispositifs nationaux (réseaux gérontologiques, MAIA, PAERPA) lancés concurremment, sans réflexion préalable quant à leur harmonisation. S'ils cherchent tous à intégrer le médecin traitant dans la coordination, ils n'y parviennent qu'aléatoirement. Aussi la Cour suggère de définir au niveau national les conditions opérationnelles de coordination pour l'ensemble du territoire entre les médecins et les autres acteurs. En outre, les agences régionales de santé et les caisses d'assurance maladie devraient être chargées de veiller à ce que toute personne âgée soit suivie par un médecin traitant, soutenu par une équipe locale.
Quant aux services d'aide à domicile (SSIAD et SAAD), l'offre pourrait être améliorée grâce à une meilleure gestion des ressources humaines (la Cour pointe la nécessité d'une rationalisation des qualifications et des diplômes), à un financement mieux adapté des structures (qui prenne davantage en compte la sévérité de la dépendance) et à leur regroupement.
Mieux cibler l'APA et soutenir les aidants
Selon les données de la direction de la recherche, des études de l'évaluation et des statistiques (DREES), le coût du maintien à domicile des personnes âgées dépendantes s'élèverait en 2011 à 10,1 milliards d'euros, dont 4,7 milliards supportés par la sécurité sociale, 4,2 milliards par les départements, 0,3 milliard, par l'État, et 0,9 milliard par les ménages. À l'horizon 2060, ce coût se hisserait à 17,3 milliards d'euros… à la charge des ménages surtout, puisque l'effort privé triplerait (de 0,9 à 3,1 milliards), tandis que l'effort public doublerait (de 9,2 à 14,2 milliards d'euros).
La Cour préconise un pilotage plus transversal au niveau national et local, et suggère d'élargir au-delà de la prévention le champ des compétences des conférences départementales des financeurs, créée par la loi d'adaptation de la société au vieillissement.
Les sages insistent surtout sur la nécessité de renforcer le soutien aux aidants pour maintenir la solidarité familiale - un chemin sur lequel la France est à la traîne - et de mieux répartir l'allocation personnalisée d'autonomie, créée en 2001, en faveur des plus démunis - sans renier pour autant son caractère universel. Cela suppose de revoir les ressources prises en compte pour son calcul, et les modalités de calcul de la participation financière à la charge du bénéficiaire (augmentée pour les derniers déciles de ressources).
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