Après une série de petites études « maison » ciblant la présence de pesticides dans certains produits alimentaires, l’association Génération futures publie un état des lieux inédit sur les résidus de pesticides dans les fruits et légumes consommés en France.
Le rapport a été construit à partir des chiffres officiels de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Pour élaborer son classement, l’association a choisi de compiler les données d’échantillons issues des cinq dernières années de plans de surveillance de la DGCCRF à ce jour rendues publiques et qui concernent la période 2012-2016. « Pour plus de robustesse, nous avons retenu des produits analysés au moins quatre années sur cinq avec un seuil minimal de trente échantillons que la DGCCRF considère comme représentatif », explique François Veillerette, directeur et porte-parole de Générations futures.
Raisins, clémentines… céleris, endives
Au total, 19 fruits et 33 légumes ont ainsi été sélectionnés et étudiés. Parmi les fruits, les raisins arrivent en tête avec 89 % d’échantillons contenant des résidus de pesticides quantifiables, suivis des clémentines/mandarines (88,4 %) et des cerises (87,7 %). En bas de classement, les échantillons d’avocats (23,1 %), de kiwis (27,1 %) et de prunes présentent le moins de résidus de pesticides mesurés.
Du côté des légumes, les échantillons de céleris branches (84,6 %), d’« herbes fraîches » (74,5 %) et d’endives (72,7 %) contiennent le plus de résidus de pesticides mesurés, au contraire des maïs (1,9 %), asperges (3,2 %) et autres madères/ignames (3,3 %).
Données parcellaires
« Ce travail systématique de compilation des données officielles, jamais réalisé en France, permet pour la première fois d’obtenir un classement des fruits et légumes non bio réellement consommés en France par rapport à la fréquence de la mesure de résidus de pesticides », souligne Générations futures. Cet état des lieux reste cependant limité fait du caractère parcellaire des données publiques disponibles actuellement sur le sujet. « La DGCCRF ne communique pas sur des données de produits détaillées mais uniquement des moyennes de pourcentage d’échantillons avec résidus de pesticides quantifiés. On ne sait rien sur le nombre de résidus détectés par produit. Les résidus détectés mais non quantifiables ne sont pas non plus pris en compte. Quand on fait des analyses, en général, on donne tous les résultats », fait remarquer François Veillerette. Difficile donc d’établir des conclusions d’ordre sanitaire à partir de ce classement.
Valeurs limites maximales
Les données officielles de la DGCCRF ont en outre permis d’établir un autre classement de ces 19 fruits et 33 légumes, concernant les valeurs limites maximales de résidus (LMR). Selon cette grille de lecture, les cerises (6,6 % des échantillons dépassant les LMR sur 5 ans), mangues/papayes (4,8 %) et oranges (4,4 %) affichent des résultats bien en dessus de la moyenne des autres catégories d’échantillons de fruits (2,7 %), à l’inverse des nectarines/pêches (0,3 %), ananas (0,6 %) et avocats (0,8 %). Dans la catégorie des légumes, les herbes fraîches (29,4 %), le céleri branche (16 %) et les blettes se situent largement au-delà de la moyenne (3,5 %). Plusieurs légumes affichant des taux nuls (artichauts, betteraves, maïs, pastèques, pois non écossés, potirons).
Besoin d’un nouvel élan
« Notre rapport donne quelques indications sur l’état du marché, mais ne répond qu’en toute petite partie seulement au déficit d’information du consommateur. Durant les États généraux de l’alimentation, nous avons suggéré un système d’affichage du nombre de traitements utilisés sur les fruits et les légumes, lequel serait vraiment utile pour guider les choix du consommateur », indique François Veillerette. « L’une des conclusions de notre rapport est qu’il n’y a pas d’amélioration notable sur les cinq dernières années en termes de présence de résidus de pesticides dans ce type de produit en France. Cela souligne la nécessité d’un nouvel élan autour d’Ecophyto, alors que le gouvernement doit lancer un nouveau plan pour diminuer l’usage des pesticides avant la fin du mois de mars prochain », ajoute-t-il.
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