Les dernières annonces de Marisol Touraine pour encadrer davantage la surveillance et la prescription des pilules contraceptives de troisième et quatrième générations continuent de faire réagir le monde médical et politique. Le Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG) considère que « si ces annonces vont dans le bon sens, elles demandent à être complétées par des mesures de plus grande ampleur ». Le syndicat réitère dans un communiqué ses propositions en faveur d’une plus grande « indépendance de l’expertise », d’une meilleure « parité spécialistes/généralistes parmi les experts », d’un « financement public d’essais cliniques », de « l’efficience de la pharmacovigilance » ou de « l’indépendance » de la formation médicale.
Pertinence du déremboursement
De leur côté, les sénateurs du groupe communiste républicain et citoyen (CRC) souhaitent « que tout soit mis en œuvre, pour permettre à toutes les femmes qui le voudraient, de pouvoir accéder gratuitement et en toute sécurité au mode de contraception qu’elles estiment le plus approprié à leurs besoins ». Tandis que le directeur général de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) doit être entendu mercredi par la commission des affaires sociales du Sénat dans le cadre d’une audition sur la politique vaccinale, les sénateurs CRC indiquent qu’ils interrogeront Dominique Maraninchi « sur la pertinence et l’efficacité d’une mesure de déremboursement ou de restriction sur un produit potentiellement dangereux pour la santé ». Ils demandent par ailleurs à ce que les parlementaires soient « tenus informés de la nature réelle des risques, ainsi que des solutions les plus appropriées pour protéger les femmes ».
Le médecin garant de la bonne prescription
Quant à la députée PS et présidente de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, Catherine Lemorton, elle estime que les mesures du gouvernement destinées à « garantir la sécurité de la contraception » relèvent d’une « exigence de santé publique pour les femmes ». Reprenant une formule de Marisol Touraine, la députée souligne que « le prescripteur doit être en mesure de prescrire la bonne contraception pour la bonne personne, au bon moment et en toute indépendance ». Invitée dimanche sur l’antenne de Canal + à l’émission « Dimanche + », la ministre de la Santé a rappelé que « le médecin est là pour voir quel est le mode de contraception le mieux adapté à sa patiente ».
Porte ouverte à l’interdiction
« Il y a une pilule de deuxième génération qui répond à la grande majorité des cas. Il y a des femmes pour lesquelles la pilule de deuxième génération n’est pas adaptée. Il appartient au médecin à ce moment-là de voir si la pilule de troisième génération répond à sa situation ou si un autre mode de contraception peut y répondre. » Alors que Marisol Touraine a demandé vendredi à l’ANSM la mise en œuvre d’une étude rétrospective pharmaco-épidémiologique pour évaluer le nombre de complications vasculaires chez les femmes sous contraceptif oral, la ministre a laissé la porte ouverte à une éventuelle interdiction de la pilule 3G. « Nous verrons si il y avait beaucoup plus d’accidents que nous connaissons s’il faut réévaluer notre position », a-t-elle déclaré dimanche.
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Des gynécologues lancent une pétition
Suite à un récent article du « Monde » mettant en cause l’influence de l’industrie pharmaceutique auprès de figures de la gynécologie comme explication de la prise en compte tardive par les médecins des recommandations sanitaires en défaveur de la pilule 3G, la Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale (FNCGM) réagit en lançant un manifeste de soutien aux professionnels incriminés (Le Pr Israël Nisand ainsi que les Dr Christian Jamin, Sylvain Mimoun et Brigitte Letombe). « Nous travaillons tous pour le bien des femmes, dans le respect de la loi et de l’éthique médicale et en transparence, avec l’industrie pharmaceutique. Nous ne sommes pour autant ni achetés ni vendus », écrit la FNCGM dans son manifeste.
Michèle Rivasi s’en prend à l’Agence européenne du médicament
Alors que l’Agence européenne du médicament (EMA) a prôné vendredi le statu quo vis-à-vis notamment de la pilule contraceptive de troisième génération, la députée européenne écologiste, Michèle Rivasi critique vivement la posture de l’agence. « Pourquoi protéger davantage les laboratoires que les patients ? L’EMA devrait alerter les États membres en leur demandant de favoriser les prescriptions de pilules de deuxième génération, moins dangereuses », écrit-elle sur son blog.
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