Les contraceptifs oraux combinés, toutes générations confondues, entraînent chaque année plus de 2 500 accidents thromboemboliques veineux et sont responsables de 20 « décès prématurés » de femmes, selon un rapport de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) portant sur les années 2000 à 2011. Ce bilan intervient alors que plusieurs plaintes ont été déposées par des patientes contre les pilules de troisième génération.
Dans son rapport pharmaco-épidémiologique sur le risque thromboembolique attribuable aux contraceptifs oraux combinés (COC), l’ANSM a pu estimer le nombre d’accidents thromboemboliques veineux (thromboses veineuses des membres inférieurs pour 2/3 des cas et embolies pulmonaires avec ou sans phlébites pour un tiers) attribuables aux différentes générations de pilules contraceptives, ainsi que la mortalité* liée à ces événements chez les femmes âgées de 15 à 49 ans exposées aux COC en France entre 2000 et 2011. En 2011, environ 4 274 000 femmes ont été exposées chaque jour à un contraceptif oral combiné, selon l'ANSM (selon les chiffres de vente).
Le risque d’accident thromboembolique veineux (ATEV) existe en population générale « mais il est faible », selon l’ANSM. Ce risque augmente significativement avec l’âge comme le montrent les données d’une cohorte danoise (Lidegaard et Naess 2011), chez des femmes de 15 à 49 ans non utilisatrices de COC, non enceintes et sans facteurs de risque majeur d’ATEV. Le taux d’incidence annuel des ATEV passe de 0,7 pour 10 000 femmes-années chez les 15-19 ans à 5,8 pour 10 000 femmes-années chez les 45-49 ans.
Le risque d’ATEV augmente chez les femmes utilisatrices de COC. « Il est multiplié par 2 chez les utilisatrices de COC de 1re et 2e génération et par 4 chez les femmes sous COC de 3e et 4e génération par rapport aux femmes non utilisatrices de COC », précise le Dr Mahmoud Zureik, épidémiologiste (ANSM/INSERM).
20 décès annuels dont 14 pour les 3e et 4e génération
Entre 2000 et 2011, le nombre d’ATEV lié aux COC est estimé à 2 529 par an dont 1 751 attribuables aux pilules de 3e et 4e génération.
Le nombre de décès annuels par embolie pulmonaire liés à l’utilisation des COC est, quant à lui, estimé à 20 dont six décès sont attribuables aux COC de 1re et 2e génération et 14 attribuables aux COC de 3e et 4e génération.
Pour limiter le risque de survenue d’ATEV et de décès associés, l’ANSM rappelle les pratiques d’utilisation des COC notamment l’utilisation en seconde intention des COC de 3e et 4e génération, la prise en compte des facteurs de risque avant toute prescription, la sensibilisation des femmes et des professionnels de santé au risque d’ATEV et aux signes associés devant les alerter et les amener à consulter pour une prise en charge précoce, le recours au moyen de contraception adapté à chaque utilisatrice.
Une baisse de 34 % de l’utilisation des 3e et 4e génération
Une baisse de l’utilisation des COC de 3e et de 4e génération se poursuit depuis le début de l’année. Une analyse des données d’utilisation au 1er mars 2013, issues du conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) et de Celtipharm, montre que d’une manière générale, le recours aux moyens de contraception dispensés en pharmacie, hors préservatifs, a diminué de 1,4 % en février 2013 par rapport à février 2012.
Cette tendance est particulièrement soutenue pour les COC de 3e et 4e génération, la diminution observée durant cette période atteint 34 %.
Cette baisse s’accompagne d’une hausse importante d’utilisation des COC de 1re et 2e génération, qui a augmenté de 26,5 % en février 2013 par rapport à février 2012.
« Ces données confirment que les médecins ont modifié leurs prescriptions dans le sens des recommandations adressées fin décembre par l’ANSM aux prescripteurs », souligne le Pr Dominique Maraninchi, directeur général de l’ANSM.
Pour les autres moyens de contraception, on observe à la fois une progression du recours aux implants et aux stérilets (+ 44 %) et un recul de l’utilisation des patchs et des anneaux contraceptifs oestroprogestatifs en Février.
*Mortalité hospitalière immédiate ou mortalité prématurée dans les 5 ans suivant l’embolie pulmonaire
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