La ministre de la Santé a écourté son voyage en Amérique Latine pour visiter ce mercredi 30 janvier la plateforme téléphonique dédiée à l’information sur les pilules, à Romainville en banlieue parisienne.
Accompagnée de Dominique Maraninchi, tout juste sorti de la conférence de presse à l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), où il a annoncé la suspension de Diane 35, Marisol Touraine a tenté de désamorcer la crise.
6 000 appels en une semaine
La ministre s’est d’abord entretenue avec quelques-un(e)s des 50 opérateurs chargés d’informer et d’orienter les appelants, essentiellement des jeunes filles et des mères. Formés en quelques heures, ils s’appuient sur des documents de l’ANSM régulièrement actualisés et sont encadrés par un médecin et 3 sages-femmes. « Nous avons reçu 6 000 appels en moins d’une semaine, les questions récurrentes sont : de quelle génération est ma pilule, quels sont les risques, que faire ? Ces derniers jours, beaucoup de personnes nous ont parlé de Diane 35 », explique Pascale Basquin, responsable santé du groupe Acticall.
Marisol Touraine a déclaré « prendre acte » de la suspension de Diane 35 par l’ANSM. « C’est un médicament contre l’acné. Une réévaluation est engagée depuis quelques mois sur les risques excessifs par rapport aux avantages dans le traitement de l’acné. En outre, il existe d’autres médicaments contre l’acné. Elle a été prescrite comme un contraceptif, alors que ce n’en est pas un, c’est un détournement de son usage », a-t-elle déclaré.
Elle a rejeté toute négligence de la part du ministère de la Santé. « Des réévaluations du médicament se font depuis un an ». « Je suis là, j’ai pris les décisions qui s’imposaient quand elles s’imposaient », a-t-elle poursuivi, citant le déremboursement des pilules de 3e génération.
« Le processus de réévaluation était lancé, l’autorisation de mise sur le marché était ambiguë, nous sommes les premiers au monde à suspendre Diane 35. Mais ce n’est pas sous pression des victimes que nous avons accéléré la présentation au public de nos conclusions », a précisé Dominique Maraninchi. Marisol Touraine a par ailleurs annoncé avoir confier au directeur général de la Santé Jean-Yves Grall une mission sur le renforcement des mécanismes de vigilance.
Rassurer
La ministre a surtout tenu à rassurer les femmes. « Il est nécessaire d’être attentif à la sécurité des femmes, mais il ne faut pas céder à la panique. Je comprends qu’elles soient inquiètes. Elles doivent aller voir leur médecin assez rapidement si elles prennent la Diane 35. Je leur lance un appel, ne pas interrompre brutalement la prise de leur pilule », a expliqué Marisol Touraine.
La ministre a insisté sur son attachement à la contraception, « un grand acquis » pour que « les femmes puissent disposer librement de leur corps », et a dit ne pas vouloir « jeter un discrédit sur la pilule ». Parallèlement à la demande faite auprès de l’agence européenne du médicament de réexaminer les conditions de mise sur le marché des pilules de 3 et 4e génération, Marisol Touraine a demandé à la Haute autorité de santé de lui remettre d’ici fin mars des préconisations sur tous les modes de contraception.
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