Le Haut conseil de la santé publique (HCSP) précise les conduites à tenir dans des situations impliquant les poliovirus, dans un avis publié ce 2 décembre.
Ce travail en réponse à une saisine de la Direction générale de la santé (DGS) s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de l'Initiative mondiale d'éradication de la poliomyélite, lancée par l'Organisation mondiale de la santé. Si deux des trois souches sauvages du virus ont été éradiquées (le type 3 en 2019, le type 2 en 2015), la souche de type 1 continue de circuler en Afghanistan et au Pakistan, tandis qu'existent aussi des formes non sauvages (vaccinales).
Des questions persistent autour du risque d'importation de poliovirus (sauvage ou vaccinal) mais aussi sur les conséquences d'une éventuelle rupture de confinement dans un laboratoire, explicite le HCSP, bien que le risque de réintroduction sur le territoire français du virus soit extrêmement faible. La France, comme la plupart des pays européens, présente une couverture vaccinale vis-à-vis de la poliomyélite très largement supérieure à 90 % (96,3 % en 2017 chez les nourrissons après le premier rappel), même si celle-ci diminue après 15 ans.
Signalement et investigations biologiques immédiats
Le Haut conseil distingue les conduites à tenir selon les situations : cas suspect cliniquement et son entourage, cas confirmé, isolement d’un poliovirus en laboratoire ou encore rupture de confinement dans un laboratoire habilité.
Un cas est considéré possible en cas de paralysie flasque aiguë sans troubles sensitifs objectifs, précédée ou accompagnée d'un syndrome méningé fébrile. Il est probable lorsqu'en outre, le calendrier vaccinal n'est pas à jour et qu'il y a eu un voyage récent en pays d'endémie ou un contact avec un cas confirmé. Le signalement à l'agence régionale de santé (ARS) doit être immédiat, rappelle le HCSP.
Le poliovirus doit être recherché sans délai dans les selles, mais aussi à partir d'écouvillons naso-pharyngés pour culture cellulaire et biologie moléculaire, et (sauf contexte fébrile) par ponction lombaire, dans le liquide céphalo-rachidien. Le patient doit être isolé géographiquement et toutes les précautions doivent être prises en termes de désinfection des outils et de traitements des déchets.
Sans attendre les résultats d'un cas suspect, d'autres cas doivent être recherchés dans l'entourage, avec investigations biologiques chez toute personne partageant une certaine intimité, en vivant sous le même toit ou en fréquentant des mêmes lieux collectifs.
Bientôt des recos vaccinales de la HAS
Face à un cas confirmé, le matériel biologique viral (échantillons, produits de PCR, produits de culture cellulaire) doit être transmis sans délai après contact téléphonique au CNR des Enterovirus et Parechovirus, (Laboratoire de Virologie, Lyon), après autorisation de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Tout cas doit être notifié à l'ARS et à Santé publique France, lit-on.
Enfin, le HCSP ne recommande pas de surveillance environnementale pour l’ensemble du territoire mais une surveillance ciblée limitée à l’environnement des laboratoires producteurs de vaccins.
De son côté, la Haute autorité de santé devrait publier très prochainement un avis sur la stratégie vaccinale autour d'un cas de poliomyélite ou en cas de détection environnementale de poliovirus.
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