Poliomyélite : le HCSP met à jour les recommandations vaccinales dans un contexte d’urgence sanitaire

Publié le 17/07/2014
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Crédit photo : AFP

Dans le contexte actuel de l’urgence sanitaire décrétée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) publie de nouvelles recommandations pour les voyageurs provenant des pays d’endémie de poliomyélite et pour les résidents de France qui s’y rendent.

L’avis, élaboré à la demande de la Direction générale de la santé (DGS), tient compte de la situation épidémiologique actuelle.

Le 5 mai dernier, l’OMS a en effet déclaré que le risque de dissémination des virus poliomyélitiques sauvages à partir des pays d’endémie constituait « une urgence de santé publique de portée internationale ». L’OMS appelait alors à une action coordonnée. Quelques jours plus tard, l’organisation modifiait à titre temporaire le RSI (Règlement sanitaire international) en vue de limiter ce risque, ces mesures devant être mises en place avant la saison de transmission intense des virus polio, de mai à novembre/décembre.

Une circulation du virus dans 10 pays

Une circulation active de virus polio sauvages est observée dans 10 pays : Pakistan, Syrie, Cameroun Afghanistan, Guinée Équatoriale, Éthiopie, Iraq, Israël, Nigéria et Somalie. « En Israël, des virus polio sauvages ont été isolés dans des prélèvements environnementaux mais aucun cas clinique de poliomyélite n’a été enregistré », précise le HCSP. Des cas d’exportation du virus ont été documentés dans 3 pays (Pakistan, Syrie et Cameroun) et pas dans les 7 autres. Les recommandations de prévention vaccinale de l’OMS concernent surtout les 3 pays exportateurs, les 7 autres sont invités à encourager la vaccination.

Les propositions du HCSP visent à accompagner les recommandations de l’OMS. La France, où le dernier cas de poliomyélite autochtone remonte à 1993 et le dernier cas importé à 1995 (tous deux chez des adultes), les couvertures vaccinales sont très élevées chez l’enfant (99 % à 2 ans ; 90 % à 15 ans).

En France, des adultes insuffisamment vaccinés

Chez l’adulte, la couverture est « sub-optimale » (66 % en moyenne) alors qu’elle est faible au-delà de 65 ans (13 %). Cette insuffisance de la couverture liée, selon le HCSP, « à une politique de rappels moins bien suivie dans cette tranche d’âge » peut « entraîner une plus grande sensibilité à l’infection chez les personnes âgées ».

Les recommandations vaccinales ont été modifiées en 2013 avec le calendrier simplifié. Chez l’enfant : administration en primo-vaccination de 2 doses de vaccin à l’âge de 2 mois et de 4 mois avec un rappel à 11 mois ; chez l’adulte : les rappels décennaux ont été remplacés par des rappels à âge fixe (25 ans, 45 ans, 65 ans puis tous les 10 ans).

Dans ses recommandations, le HCSP incite au maintien d’un taux élevé de couverture vaccinale pour les vaccins contenant la valence poliomyélite chez les nourrissons et les enfants. Le Haut Conseil insiste sur la mise à jour du calendrier vaccinal chez l’adulte avec une dose de rappel (25, 45, 65, 75 ans...). Les personnes de moins de 65 ans qui n’ont pas reçu de rappel depuis plus de 20 ans ou celles de 70 ans et plus qui n’en ont pas reçu depuis plus de dix ans devront également recevoir une dose de rappel. Celles qui ignorent leur statut vaccinal doivent consulter leur médecin traitant en vue d’une éventuelle mise à jour de leurs vaccinations. « Dans le doute, l’administration d’une dose de vaccin contenant la valence polio est recommandée », recommande le HCSP. La pratique de tests sérologiques pour évaluer le niveau d’immunité n’est pas recommandée.

Séjour de moins de 4 semaines et plus de 4 semaines

Concernant les voyageurs projetant de se rendre dans un des pays infectés pour un séjour de moins de 4 semaines, le HCSP recommande que ceux dont la dernière vaccination date de plus de un an, reçoivent une dose de vaccin dans le mois précédent leur départ. Ces personnes ne risquent pas de contracter la maladie mais elles peuvent être infectées par un virus polio au cours de leur séjour et être à l’origine de sa dissémination dans leur entourage. Les personnes non à jour ou ignorant leur statut doivent compléter leur vaccination avant le départ (vaccin combiné contenant la valence polio).

Pour les séjours de plus de 4 semaines, le HCSP attire l’attention sur le fait qu’un rappel sera exigé par le pays de destination au cours du séjour ou lors de la sortie du territoire. En conséquence, il recommande également un rappel mais sans aucun délai par rapport au départ de France.

Le HCSP recommande par ailleurs que les rappels de vaccin polio soient mentionnés sur le certificat de vaccination internationale de l’OMS (carte jaune) et que les voyageurs soient informés des moyens d’éviter de se contaminer par les virus du polio lors de leur séjour en pays infecté.

Arrivée en France

Pour les voyageurs arrivant d’un pays infecté, le HCSP ne recommande pas le contrôle systématique du statut vaccinal à l’entrée sur le territoire. En revanche, il recommande que ce statut soit vérifié chez les réfugiés en provenance des pays de circulation des virus polio, en particulier le Pakistan, l’Afghanistan et le Nigéria. Une recherche de virus polio dans les selles devra être réalisée chez les enfants qui arrivent en France en provenance des pays de circulation des virus polio, dans le cadre de l’adoption internationale.

Dr Lydia Archimède

Source : lequotidiendumedecin.fr