Le bilan de la Cour des comptes sur la politique vaccinale de la France est loin d’être satisfaisant. Dans un rapport rendu public hier, la Cour indique que les objectifs vaccinaux établis dans une perspective quinquennale, en annexe de la loi de santé publique du 9 août 2004, ont été définis « de manière trop uniforme et leur degré de réalisation a été décevant dans le cadre national comme au regard des comparaisons internationales ».
L’objectif de couverture de 95 % de la population générale n’a été que « partiellement évaluable ». Mais lorsqu’il l’est, comme en ce qui concerne la vaccination des enfants de 2 et 6 ans, l’objectif n’est que partiellement atteint. « Les points noirs sont le très faible taux de vaccination contre l’hépatite B et l’insuffisance des primo-vaccinations ROR qui distinguent négativement notre pays dans les comparaisons internationales ». Le taux de couverture contre la grippe saisonnière est inférieur dans tous les groupes cibles (ALD, professionnels de santé, plus de 65 ans) à 75 %.
Carnet de vaccination électronique
Afin de renforcer l’efficacité des recommandations vaccinales (qui sont de plus en plus denses), la Cour des comptes propose la mise en place rapide d’un carnet de vaccination électronique « interfacée, le cas échéant, avec le dossier médical personnel ». Il faut également définir des objectifs de couverture vaccinale spécifiques par maladie infectieuse, « en prenant en compte leurs caractéristiques épidémiologiques et les niveaux de couverture atteints par groupe populationnel et générationnel ».
Dans le but d’améliorer les conditions de la prise en charge des vaccins par la solidarité nationale, la Cour des comptes suggère notamment la modulation des taux de remboursement des vaccins par l’assurance-maladie en fonction des priorités de santé publique. « Les taux de remboursement des vaccins semblent correspondre à la stratification de décisions dont la rationalité n’est pas toujours explicite et qui aboutissent dans certains cas à des incohérences et des sur-allocations de moyens (Papillomavirus/HPV, rougeole-oreillons-rubéole/ROR et grippe saisonnière) », ajoute le rapport. Les prix des vaccins anti-HPV devraient faire l’objet d’une « renégociation prochaine ».
Vaccinations en milieu scolaire
Autre combat : les lacunes de la couverture vaccinale qui ne touche pas identiquement l’ensemble de la population (principalement les populations défavorisées, les adolescents et les habitants de certaines zones géographiques). Plutôt qu’une gratuité généralisée, la Cour des comptes propose d’habiliter des centres d’examens de santé de la sécurité sociale à pratiquer des vaccinations. « De même, la généralisation des vaccinations en milieu scolaire constitue le seul moyen de toucher la masse des populations adolescentes », juge-t-elle.
Enfin, concernant la communication sur la vaccination, la Cour des comptes reconnaît que « la limitation des moyens publics ne permet pas de faire facilement l’économie d’une mobilisation des ressources des firmes pharmaceutiques, malgré les difficultés réelles qu’elle recèle ». Mais le renforcement du contrôle des messages publicitaires devrait mieux permettre aux autorités sanitaires de « s’assurer qu’ils contribuent à la mise en œuvre des recommandations vaccinales, par la mise en œuvre d’études d’impact préalables à leur visa », estime-t-elle.
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