« Les professionnels de la santé - infirmiers, sages-femmes, aides-soignants, professions paramédicales, médecins et assimilés - apparaissent comme une famille d’activité professionnelle particulièrement concernée par la poly-exposition au travail ». Ce constat, qui suggère un impact sur la santé à court ou à long terme, est tiré d'une étude menée conjointement par l’Anses, Santé publique France et la Dares (Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques).
Les professionnels de santé cumulent des expositions caractéristiques aux cinq catégories de contraintes étudiées. À savoir les expositions chimiques, biologiques (bactéries, virus, etc.), physiques (nuisances sonores, contraintes posturales ou thermiques, exposition aux rayonnements), organisationnelles (horaires de travail, manque de moyens matériels et/ou humains, intensité et rythme de travail, faible autonomie, etc.) ou relationnelles (forte pression, faible reconnaissance au travail, hostilité des collègues ou de la hiérarchie, tensions, etc.).
Plus largement, cette étude réalisée sur la base des résultats de l'enquête Sumer 2016-2017 et lancée dans le cadre du 3e Plan santé au travail 2016-2020 (PST 3) montre que les expositions cumulées au travail concernent la quasi-totalité (97 %) des 25 millions de salariés des secteurs publics et privés. La poly-exposition professionnelle est définie comme l'exposition à au moins deux contraintes de même catégorie ou non au cours de la carrière.
Cette analyse statistique a permis de regrouper les salariés selon 12 profils décrivant les situations d’expositions cumulées les plus courantes. Certains profils peuvent être associés à un ou plusieurs domaines professionnels spécifiques, comme les professionnels de santé, ceux de l’agriculture, de la marine et de la pêche.
Penser les contraintes subies dans leur ensemble
Les professionnels de santé sont ainsi potentiellement exposés à des agents biologiques d’origine humaine, souvent associés à une exposition à des substances chimiques via les médicaments notamment. Qui plus est, « ils sont également concernés par des situations de tension, des contraintes horaires comme le travail de nuit, un rythme de travail soutenu, un manque de moyens matériels et humains, auxquels viennent s’ajouter des contraintes physiques tels que les rayonnements ionisants ou des postures physiques difficiles », est-il souligné.
À la suite de ce travail, l'Anses appelle à caractériser plus précisément la situation des professions particulièrement polyexposées, en particulier les personnels de santé. Des travaux lancés antérieurement sont en cours pour les agents de nettoyage et de la propreté et pour les travailleurs impliqués dans les activités de collecte, tri et traitement des ordures ménagères. Cette nouvelle analyse invite ainsi « à ne plus penser les contraintes subies par les salariés de manière isolée mais dans leur ensemble ». La recherche autour du concept d'exposome permettra ainsi « de mieux comprendre comment l’interaction entre certaines contraintes peut conduire à une aggravation des effets pour la santé des travailleurs », mais aussi au-delà, quand les expositions en milieu de travail se cumulent avec celles de la vie courante.
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