?LE QUOTIDIEN – Quelle est la réglementation de l’abattage aujourd’hui en France ?
PIERRE BUISSON – La réglementation générale prévoit que les animaux soient étourdis avant d’être saignés. Toutefois, une dérogation existe pour les abattages dits rituels. Les professionnels de la filière viande ont récemment demandé l’anticipation de la promulgation du décret qui prévoit de déclarer l’abattage rituel en préfecture et de justifier les acheteurs qui consomment de la viande halal, afin de mettre en adéquation le nombre d’animaux abattus selon le rite halal et les besoins de la communauté. Nous faisons face en effet à un problème largement économique : de nombreux abattoirs pratiquent ce mode pour des raisons financières ou d’organisation. En effet, on constate un laisser-aller des abatteurs français, qui ont simplifié leur protocole pour avoir un seul mode d’abattage. Ainsi, selon une étude réalisée en 2008 par le ministère de l’Agriculture, 32 % de la production de viande, dans toute la France, serait réalisée de manière rituelle, alors que la demande de halal n’est que de 7 %.
Est-ce que l’abattage halal est pratiqué de la même façon dans tous les pays européens ?
Non en effet, la certification halal est à géométrie très variable. Ainsi, en Allemagne ou au Royaume-Uni, il a été décidé de pratiquer l’étourdissement post jugulation. Dans la culture occidentale, on commence par étourdir l’animal puis on pratique la saignée. Dans le rite musulman, il n’y a pas d’étourdissement, mais en faisant évoluer les choses, certains pays ont décidé de pratiquer l’égorgement suivi de l’étourdissement, ce qui a l’avantage de limiter la souffrance de l’animal.
Quelle est la position du SNVEL dans ce débat ?
Nous sommes bien entendu en faveur de l’étourdissement ! Pour sortir de la crise, il faut éviter de verser dans des conjonctures communautaristes. Nous sommes donc en accord avec l’idée de l’étourdissement post jugulation, comme cela se pratique en Allemagne. Un compromis est possible. En observant nos voisins européens, nous avons la preuve que des solutions respectueuses et pragmatiques peuvent être trouvées. Ce qui nous tient à cœur, c’est le bien-être et la protection des animaux, et les vétérinaires ont bien entendu la légitimité pour faire valoir cet aspect du problème. Ces animaux sont destinés à être consommés, mais cela doit se faire dans les meilleures conditions possibles. La polémique autour de la question de salubrité n’a d’ailleurs pas lieu d’être car il n’y a pas de réelle différence entre les deux rites, dès lors que la technique utilisée est conforme aux bonnes pratiques.
La question de l’étiquetage des produits halal se pose actuellement, et divise les autorités et les acteurs concernés. Pensez-vous que cela soit nécessaire ?
L’étiquetage peut constituer un moyen de pression pour qu’il y ait une évolution du système, mais cela ne va pas supprimer la souffrance des animaux. Cela nous renvoie à des problèmes communautaires et c’est à l’État d’avancer sur le sujet. On peut noter - et c’est assez ironique compte tenu des débats actuels - que c’est la France qui a fait blocage l’été dernier au niveau européen pour que l’amendement rendant obligatoire une mention de l’abattage sans étourdissement ne soit pas adopté. Une position que les associations de protection animale n’avaient d’ailleurs pas manqué de dénoncer.
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