Professeur émérite de diabétologie à la Pitié-Salpêtrière, André Grimaldi ne se revendique pas juppéiste mais il soutient le maire de Bordeaux, jugeant que le programme santé de François Fillon contient en germe une remise en cause de la Sécu et de l'hôpital public.
LE QUOTIDIEN : On vous classe généralement comme une personnalité de gauche. Comment en êtes-vous arrivé à soutenir Alain Juppé ?
PR ANDRÉ GRIMALDI : Le service de santé en France a connu deux moments clé : en 1945 avec la création de la Sécurité sociale et en 1958 avec la création des CHU par une ordonnance du Pr Robert Debré écrite avec de jeunes mendésistes. Or, le programme de François Fillon, que j'ai lu en détail, détricote la Sécu et l'hôpital public.
Juppé serait plus respectueux de ce patrimoine ?
J'ai beaucoup de désaccords avec Alain Juppé, mais son programme est clair. Il écrit que l'assurance-maladie doit continuer à rembourser au niveau actuel, soit 76,5 %. Et que les économies se feront par la pertinence des soins, 25 ou 30 % d'actes étant injustifiés. Fillon, lui, milite pour un transfert des soins courants sur les assurances privées complémentaires, pour ne laisser à la Sécu que les maladies graves, les ALD, avec une franchise assise sur les revenus. Cela signifie que l'on paierait deux fois : une fois au nom de la solidarité avec les malades très graves, et une autre fois pour la complémentaire. Le programme de Fillon contient en germe la fin du monopole de la Sécu.
Pourquoi estimez-vous que François Fillon va casser l'hôpital public ?
François Fillon veut développer l'autonomie des établissements et remettre en place la concurrence entre les cliniques privées et les établissements publics en revenant à la convergence tarifaire. Cette concurrence est déloyale car les activités et les contraintes ne sont pas les mêmes. Mais Fillon propose que les hôpitaux puissent devenir des établissements privés à but non lucratif. Sa logique est que chaque hôpital doit être rentable et pouvoir être racheté s'il fait faillite.
Sur ce sujet, Juppé est clair. il dit n'avoir aucune raison de casser le statut de la fonction publique. Il veut de la complémentarité et non de la concurrence entre privé et public. Je regrette qu'il n'aille pas plus loin dans la remise en cause du tout T2A. Le programme de Fillon nous amène à ce que ce soit le financement qui dicte le soin. Il y a des gaullistes, dont Juppé fait partie, qui sont attachés à des valeurs publiques, et d'autres comme Fillon, attachés essentiellement à des valeurs privées. Il y a des biens communs dans la société, comme la santé, qui ne relèvent ni de l'étatisation ni de la privatisation. Le programme santé de Fillon est un danger absolu.
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