LE QUOTIDIEN : Cette épidémie vous a-t-elle permis d’en savoir plus sur le virus ?
Pr JEAN-FRANÇOIS DELFRAISSY : Le virus a été isolé et séquencé dès avril 2014 par des équipes du CNR, IPP et P4 INSERM de Lyon. L’épidémie actuelle importante est régulièrement surveillée pour regarder l’apparition éventuelle d’une mutation virale, pour l’instant non survenue. Elle est une sorte de plate-forme observationnelle pour comprendre ce qui se passe pendant la phase d’incubation et lorsque les symptômes apparaissent. Nous savons maintenant qu’il y a à la fois une déficience immunitaire et une explosion de l’activité des cytokines. Il existe ainsi une cascade de phénomènes biologiques, qui ne sont pas directement provoqués par le virus lui-même, mais que l’infection a néanmoins déclenchés. La cohorte de survivants coordonnée par des chercheurs français et guinéens avec la participation d’associations de patients permettra de nous renseigner sur les mécanismes immunitaires qui permettent de contrôler le virus.
Quelles leçons peut-on tirer de notre capacité à répondre à l’épidémie ? Avons-nous été efficaces ?
Il y a eu un certain retard à la réponse : en dehors des organisations non gouvernementales comme Médecins sans frontière (MSF), les acteurs de la réponse sanitaire ont été lents à se mettre en place. Il y a eu un décalage, me semble-t-il, entre la réalité de l’épidémie et la prise de conscience de sa gravité. La communauté internationale s’est « réveillée » à partir de début juillet 2014.
L’épidémie a donc été sous-estimée ?
Il n’était pas facile d’imaginer qu’elle aurait une telle ampleur car les épisodes précédents s’étaient éteints d’eux-mêmes. Il faudra tirer les leçons de ce retard à une urgence sanitaire. Mais, depuis fin août, une vraie mobilisation internationale s’est mise en place. Les financements sont débloqués, la collaboration entre les différents acteurs est bien installée et une répartition efficace des rôles s’est opérée entre Anglais, français, américains, européens et les pays d’Afrique de l’Ouest touchés. Deux pays ont réussi à ce jour à stopper l’épidémie : le Sénégal et le Nigeria. Le Mali, touché plus récemment, a bien réussi à identifier et isoler les contacts de ses premiers cas et va peut-être aussi y parvenir. L’exemple de ces pays nous confirme, comme nous l’a appris le VIH/sida, confirme, que la volonté politique est essentielle dans le contrôle des épidémies.
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