Le Dr Yunyun Li, 40 ans, vient de terminer sa trentaine de consultations de la matinée. La routine. Cette obstétricienne de l'hôpital Shanghai Est explique d'une voix monotone le quotidien des praticiens hospitaliers chinois, loin d'être rose. Plusieurs facteurs contribuent à dégrader leurs conditions de travail.
Les failles et l'opacité du système de Sécurité sociale sont le premier handicap.« Ici, l'écart entre les attentes des patients et la réalité du service médical est parfois considérable. Les Chinois n'ont pas conscience des faiblesses du système. Par exemple, ils découvrent souvent dans le bureau de leur médecin que nombre de médicaments importés de l'étranger ne sont pas remboursés. Le ton monte régulièrement. Ils n'ont aucune confiance en nous. »
Le Dr Li travaille 80 heures par semaine, « payées 40 », pour 2 700 euros à 4ø000 euros, selon le bonus lié à la performance et à l'activité de son service. Des vacances ? « Je n'en ai jamais ».
La pénurie médicale contribue aux mauvaises conditions de travail des PH chinois. « Si l'équipement médical est satisfaisant dans l'ensemble, les ressources humaines sont limitées sur toutes les spécialités », confirme le Dr Jingxin Cheng, chef du service gynécologie-obstétrique de Shanghai Est.
Enveloppe rouge
La suspicion des patients est alimentée par la politique de « l'enveloppe rouge », un complément d'honoraires réclamé en fin de consultation pour boucler les fins de mois.
L'insécurité juridique accentue ce climat délétère. En Chine, être victime d'une erreur médicale n'est pas synonyme d'indemnisation systématique. Conséquence : il n'est pas si rare de voir des patients en venir aux mains avec leur médecin.
En gynécologie-obstétrique enfin, la politique de l'enfant unique a sanctuarisé pendant plus de 35 ans la grossesse et la maternité. Le moindre faux pas, ou même aléa, peut-être source de grave conflit entre le médecin et la famille de la parturiente.
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