Le Dr Jean-Pierre Aquino, président du comité Avancée en âge, a rendu son rapport sur l’anticipation du vieillissement au Premier ministre Jean-Marc Ayrault ce lundi matin, en même temps que Martine Pinville, députée de la Charente, et Luc Broussy, conseiller général du Val-d’Oise, qui ont traité de l’adaptation de la société.
« En tant que praticien hospitalier au quotidien, je suis confronté à des situations difficiles qui auraient pu être moins graves si des actions en matière de prévention en gérontologie avaient été menées », a-t-il déclaré.
Il préconise des mesures préventives « au moment opportun » avec « pertinence » : comprendre, pas de dépistage systématique des fragilités mais un ciblage des personnes qui pourraient basculer du côté de la dépendance. « Six octogénaires sur 10 vivent à domicile, avec une autonomie satisfaisante », souligne le Dr Aquino.
Pour une meilleure coordination des acteurs
Le gériatre plaide en faveur d’une meilleure coordination des acteurs de la prévention. Il mise sur le socle inter-régimes déjà en place, réunissant la Caisse nationale d’assurance-vieillesse (CNAV), le régime social des indépendants (RSI), la MSA, l’AGIRC et l’ARRCO (retraite complémentaire), et l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES)... Son extension à d’autres régimes permettrait d’avoir un levier puissant pour proposer des bilans de prévention à des personnes ciblées (veuvage, isolement, hospitalisations à répétition...).
Médecins et professionnels du domicile au cœur du dépistage
Pour améliorer le repérage des personnes fragiles, les généralistes libéraux et les professionnels de l’aide à domicile sont en première ligne, estime le Dr Aquino. Les médecins du travail ne sont pas oubliés. Le Dr Aquino propose un renforcement de leur collaboration avec les libéraux autour des seniors en entreprise, qui se retrouvent à un moment crucial de leur vie.
Le Dr Aquino propose de lutter contre la maltraitance en lançant une enquête nationale pour identifier les situations à risque, notamment à domicile. Une campagne de communication nationale pourrait aussi sensibiliser le public et les professionnels à l’importance du dépistage de la fragilité.
L’hôpital aurait aussi sa partition à jouer, en étant davantage sensible à la question du vieillissement. « Dans les services de haute technicité, la notion d’autonomie n’est pas toujours perçue. Il pourrait y avoir dans les visites de certification une question sur les programmes en place pour favoriser l’autonomie », explique le Dr Aquino.
Le gériatre suggère en outre d’étendre l’expérimentation du gérontopôle de Toulouse (qui a développé une plateforme de repérage et de traitement de la fragilité) dans les hôpitaux de jour de 5 régions tests, avant de l’étendre à tous les hôpitaux gériatriques. Ces mêmes régions (dont le Centre et l’Aquitaine) devraient aussi orchestrer les expérimentations sur les parcours de santé des personnes âgées à risque de perte d’autonomie (PAERPA).
Les MDA, une évolution
Le Dr Aquino rappelle, dans ses « 35 fiches action », les mesures élémentaires de prévention, comme l’alimentation, l’exercice physique ou la culture du lien social. Il incite également à lancer une enquête épidémiologique pour évaluer la dépression des personnes âgées à domicile et en établissement.
Comme Luc Broussy, il se prononce enfin pour l’« évolution » des maisons départementales pour les personnes handicapées (MDPH) vers des maisons départementales de l’autonomie (MDA). « Ce n’est pas une révolution. Il existe déjà dans les conseils généraux des directions de l’autonomie qui mêlent handicap et vieillissement », fait-il valoir. Il insiste néanmoins sur la nécessité d’apporter des réponses personnalisées aux personnes handicapées et âgées, et s’interroge sur le statut juridique qu’auraient les MDA.
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