DE NOTRE CORRESPONDANT
C’EST ENCORE le temps où l’on invite des professionnels de santé, des syndicalistes et des techniciens. On les nomme « experts » pour montrer combien l’affaire est sérieuse. Ils viennent amender - en réalité plutôt conforter - un projet déjà bien ficelé. Europe Écologie - Les Verts (EELV) a beau être un jeune parti, il n’a pas dérogé à la règle. À Rennes, la convention santé du parti a surtout mis en lumière la volonté d’un changement complet de système de santé, aujourd’hui encore très centré sur le curatif. « Cette révolution (de la santé) repose sur trois engagements : un accès universel et gratuit aux soins ; un plan majeur contre les maladies du mode de vie ; et un engagement national pour la transparence et l’indépendance du système de santé », a annoncé Eva Joly, en clôture des échanges. « Nous essayons de sortir de la logique productiviste des soins, a expliqué le Dr Jean-Luc Véret, médecin de santé publique et président de la commission nationale santé. Il est nécessaire de repenser le progrès, la politique de santé et la santé elle-même, conformément à la définition qu’en donnait l’OMS en 1945. La santé n’est pas seulement l’absence de maladies mais aussi le bien-être physique, psychique et social ».
Cercle vertueux.
Il faudrait investir massivement et « prioritairement » dans la prévention, soutient Eva Joly. Dès 2012, en cas de victoire, plus de 4 milliards d’euros supplémentaires seraient injectés pour créer les conditions du « cercle vertueux » que la candidate appelle de ses vœux. « Plus notre système tarde à intervenir, plus le coût de la santé pèse sur les finances », a-t-elle expliqué. Le président de la commission santé abonde en ce sens : « les conférences régionales de santé concluent systématiquement à l’importance de la prévention mais leur avis est sans conséquence sur les budgets ! Les instances régionales d’éducation pour la santé ont vu leurs moyens diminuer depuis trois ans... ». Dans le projet EELV, 1 % du budget des soins primaires - 1,7 milliard selon Jean-Luc Véret - serait fléché sur l’éducation, la promotion de la santé et la santé environnementale. « Avec ça, on peut financer un poste consacré à la prévention dans chaque maison de santé pluridisciplinaire », avance ce médecin.
Eva Joly accorde une attention toute particulière à l’explosion des maladies chroniques. « Les cancers se développent chez les agriculteurs sous l’effet de l’utilisation de produits nocifs ; les troubles musculo-squelettiques frappent massivement les travailleurs pressurisés ; le diabète touche près de 4 millions de personnes et 200 000 viennent tous les ans grossir les rangs des malades. Le seul diabète coûte 13 milliards d’euros à l’assurance-maladie chaque année, soit plus que son déficit 2011 ! », a martelé la candidate. La solution ? « Changer radicalement les modes de vie », transformer les façons de produire et de consommer. « Aujourd’hui, c’est la société qui nous rend malade », résume Eva Joly. Pour André Cicollela, chercheur en santé environnementale, « la crise du système de l’assurance-maladie est une crise sanitaire ».
Dans la cholécystite, la chirurgie reste préférable chez les sujets âgés
Escmid 2025: de nouvelles options dans l’arsenal contre la gonorrhée et le Staphylococcus aureus
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité