Elle est la plus jeune à avoir reçu un prix Nobel. C'est aussi la deuxième femme et la 4e personnalité française à avoir été distinguée en économie. À l'aube de ses 47 ans, Esther Duflo complète une liste déjà longue de prix avec cette distinction.
Ce lundi 14 octobre, l'économiste franco-américaine et les Américains Abhijit Banerjee et Michael Kremer ont été récompensés conjointement par le prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel, communément appelé « prix Nobel d'économie », « pour leur approche expérimentale visant à réduire la pauvreté dans le monde ».
Création d'un laboratoire d'action contre la pauvreté
Leur approche s'inspire davantage des sciences médicales qu'économiques puisqu'elle repose sur le principe des essais cliniques randomisés. Ainsi, pour lutter contre la pauvreté, les trois lauréats s'attachent depuis 20 ans à mettre en œuvre une approche scientifique et de terrain en cherchant à répondre à une question cadrée et précise plutôt qu'à une question globale. Le principe repose, comme pour les études scientifiques, sur la comparaison entre un groupe test et un groupe contrôle. C'est Michael Kremer qui, avec son équipe, a montré la puissance de cette approche dans les années 1990 au Kenya en testant l'intérêt de différents types d'interventions sur les résultats scolaires des enfants.
Après des études d'histoire et d'économie à l'École normale supérieure (ENS), Esther Duflo termine sa thèse au Massachusetts Institute of Technology (MIT) de Cambridge en 1999. Elle y rencontre alors Abhijit Banerjee, son mari. Tous deux professeurs d'économie au MIT, ils fondent en 2003 l'institut Abdul Latif Jameel Poverty Action Lab, appelé J-PAL, pour développer et systématiser cette méthode de travail basée sur une approche scientifique. La création de cet institut leur a valu le prix Albert Hirschman en 2014.
Programme de tutorat scolaire en Inde
En s'appuyant sur un réseau international d'une centaine de chercheurs, la mission de J-PAL est de « lutter contre la pauvreté en veillant à ce que les politiques sociales s'appuient sur des preuves scientifiques ». Les programmes sociaux et les politiques sont ainsi soumis à des évaluations aléatoires à la manière des essais cliniques. Les analyses des résultats sont ensuite relayées auprès des décideurs pour orienter les décisions politiques.
Une de leurs études, menée au début des années 2000 en Inde en collaboration avec Michael Kremer, a ainsi mis en évidence l'intérêt d'un programme de tutorat scolaire en comparant 100 écoles en bénéficiant à 100 n'y ayant pas accès. Depuis cette expérience, plus de cinq millions d’enfants indiens ont bénéficié de programmes efficaces de tutorat scolaire dans les écoles.
Conseillère d'Obama
L'influence parentale n'est sans doute pas étrangère à ce parcours professionnel : fille d'une pédiatre engagée sur le plan humanitaire et d'un mathématicien, Esther Duflo a fait de la santé, de l'éducation et de la pauvreté son cheval de bataille, qu'elle a su associer à une approche pragmatique.
Économiste reconnue mondialement, Esther Duflo a par ailleurs été titulaire de la chaire « Savoirs contre pauvreté » au Collège de France en 2008 et 2009 et a été membre du Conseil présidentiel de Barack Obama pour le développement mondial entre 2012 et 2017.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation