« VIOLENCE et santé sont deux notions polymorphes, ce qui rend l’étude de leurs liens particulièrement complexe », d’autant plus lorsqu’on s’accorde à étendre le périmètre des violences au-delà des seules atteintes physiques et sexuelles, écrivent en préambule les trois sociologues François Beck (INPES), Catherine Cavalin (ex-DREES) et Florence Maillochon (CNRS). Ces derniers ont coordonné l’enquête EVS réalisée pour la DREES durant la période 2005-2006 auprès de 10 000 personnes de 18 à 75 ans résidant en France. L’enquête a pris en compte les sources de violence dans leur typologie la plus vaste : violences verbales, physiques, sexuelles, psychologiques, dégradations ou vols de biens matériels appartenant à la victime. Près d’une personne interrogée sur deux déclare ainsi avoir subi au moins un acte violent au cours des deux années précédant l’enquête EVS. Parmi ces victimes, les personnes jeunes et les femmes demeurent les plus touchées. La composition du ménage (familles monoparentales, fait de vivre seul), la situation socioprofessionnelle (chômage, inactivité) ou géographique (grandes villes, zones urbaines sensibles…) constituent d’autres facteurs de surrisque d’exposition aux violences. Très fréquentes, les violences verbales touchent près d’une personne sur cinq (18 %). Près de 3 % des participants à l’enquête font état d’atteintes physiques (coups et tentatives de coup) et 0,4 % des violences à caractère sexuel (exhibitionnisme, attouchements, rapports ou tentatives de rapports sexuels forcés). Plus d’une personne sur dix déclare par ailleurs avoir subi des violences psychologiques (dénigrements, critiques injustes répétées, courriers ou appels téléphoniques malveillants, etc.). En outre, 22 % des personnes âgées de 18 à 75 ans mentionnent des atteintes à leurs biens (vols, tentatives de vol, dégradations, etc.). Si au regard des résultats de l’enquête EVS, l’état de santé des personnes ayant subi des violences apparaît de façon générale moins bon que celui de la population générale, « il ne ressort cependant pas de liens simples entre violences et santé », souligne la DREES. Être par exemple victime à de nombreuses reprises ou de plusieurs types de violences ne s’accompagne pas nécessairement d’un état de santé plus dégradé. S’il n’existe pas de « fatalité statistique » au cumul des violences subies par les individus, la DREES souligne toutefois « l’invisibilité statistique » des cas les plus graves. « Certaines personnes heureusement très minoritaires en population générale dans un État de droit, ne peuvent jamais témoigner de leurs situations d’existence », constatent les auteurs de l’enquête.
Sommeil et addictions.
En considérant les faits de violence subis par ces 10 000 personnes interrogées, leur état de santé et quelques événements biographiques des participants, la DREES estime que « deux tiers de la population âgée de 18 à 75 ans apparaissent relativement protégés des problèmes de violence, de santé et d’autres événements difficiles de la vie tandis que le dernier tiers cumule ces difficultés ». Et c’est davantage en matière de santé mentale que physique que les femmes et hommes expriment le retentissement sur leur santé des violences endurées. Plus de la moitié des personnes interrogées estimant avoir enduré un dommage même faible font ainsi état de conséquences psychologiques importantes ou faibles. L’enquête s’est également penchée sur l’impact des violences subies au niveau de la prévalence des troubles du sommeil. Il ressort que les personnes victimes de violences verbales, physiques, sexuelles ou psychologiques s’avèrent proportionnellement plus nombreuses à souffrir de troubles du sommeil. « En revanche, les atteintes aux biens ne semblent pas être liées à davantage de troubles du sommeil, excepté pour le sentiment de fatigue au réveil », souligne la DREES. Dans le domaine des pratiques addictives des jeunes adultes de 18 à 34 ans, « l’usage de drogues illicites apparaît fortement lié aux violences subies au cours des deux années précédant l’enquête EVS et aux événements familiaux vécus pendant l’enfance ou l’adolescence, tandis que la consommation régulière de tabac et d’alcool s’avère plus nettement associée aux contextes sociaux », résument les auteurs.
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