Aptitude à la conduite automobile

Que dire à vos patients ?

Publié le 23/10/2012
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LORSQU’ILS détectent chez leurs patients un problème pouvant affecter leurs capacités à conduire un véhicule, les médecins traitants doivent les persuader de suivre un traitement pour être à nouveau capable de conduire en sécurité, mais ne peuvent en aucun cas leur interdire de conduire, ni les signaler aux autorités administratives.

Rédigée par un groupe d’experts médicaux et scientifiques sous l’égide du Ministère de la Santé et de la Direction Interministérielle de la Sécurité Routière, une brochure d’information sur ce thème vient d’être envoyée aux 271 000 médecins inscrits à l’Ordre. Elle répond aux questions que se posent les praticiens confrontés à de telles situations, et les aide aussi à orienter leurs patients.

L’arrêté du 31 août 2010 fixe les conditions requises pour la délivrance ou le maintien du permis de conduire face aux principales pathologies. Il définit les incompatibilités médicales à la conduite, mais aussi les cas où celle-ci peut être autorisée dans le cadre d’un aménagement du permis, dans six grands domaines : pratiques addictives, neurologie et psychiatrie, altérations visuelles, pathologies cardiovasculaires, métaboliques, pulmonaires et ORL, atteintes de l’appareil locomoteur.

Mais si le médecin traitant est au cœur du repérage de ces affections, il lui appartient uniquement de persuader son patient de suivre un traitement, voire de cesser de conduire. Comme l’explique le Dr Philippe Lauwick, médecin généraliste et président de l’Automobile-Club Médical de France (ACMF), la plupart des contre-indications à la conduite peuvent être prévenues, - par exemple en équilibrant un diabète -, ou traitées, comme certains troubles de la vigilance.

Le devoir d’informer.

Les médecins traitants ont le devoir d’informer leurs patients des risques qu’ils peuvent courir et faire courir en conduisant sans y être aptes, mais, contrairement aux médecins agréés (voir encadré), ils ne peuvent transmettre leur dossier aux autorités. Comme dans le cas de la détection du SIDA, les médecins et les experts estiment qu’un tel partage d’informations, violant le secret médical, pousserait de nombreux malades à ne plus consulter, et donc à conduire « en cachette » sans aucun suivi.

Toutefois, les médecins savent qu’il peut être très difficile de persuader certains patients de ne plus conduire, notamment les malades alcooliques ou déments. Il existe néanmoins des « trucs » pour faciliter l’observance, comme inscrire sur l’ordonnance qu’il ne faut pas conduire, ou bien, si le patient est d’accord, faire assister un de ses proches à la consultation. Juridiquement, le médecin traitant doit pouvoir prouver qu’il a informé son patient, mais ne pourra jamais être tenu responsable si l’un d’entre eux ne l’écoute pas et provoque une tragédie. Pour tous les experts, le système français, basé sur le dialogue et la persuasion, est plus efficace que les visites médicales obligatoires pour tous les conducteurs, dispositif lourd et contraignant sans effet significatif sur la mortalité routière.

 DENIS DURAND DE BOUSINGEN

Source : Le Quotidien du Médecin: 9179