L’information a défrayé la chronique cette semaine, soulevant de nombreuses réactions : le risque associé à la prise régulière de paracétamol serait sous-estimé par la communauté médicale…
Alors que les risques hépatiques associés au surdosage en paracétamol sont bien documentés, rares sont les études ayant démontré un risque à long terme associé à sa consommation régulière.
Une méta-analyse, publiée dans « Annals of Rheumatic Diseases », met en avant – et à partir de 8 études observationnelles seulement – une augmentation des risques cardiovasculaires et rénaux au long terme chez les patients consommant de « hautes doses » de paracétamol de manière régulière. Même si les risques restent « faibles dans l’absolu », la tendance dose-réponse observée par les auteurs les laisse perplexes, et l’information a été relayée avec entrain par les médias.
La tendance dose-réponse dans l’étude
Une étude sur huit dans la méta-analyse suggère un accroissement du risque de mortalité dose-dépendant. Les auteurs rapportent un risque de décès augmenté jusqu’à 63 % « à très fortes doses ». Quatre études portent sur le risque cardiovasculaire. Elles montrent également une relation dose-réponse, selon les auteurs. L’une d’elles, menée chez des sujets prenant plus de 15 comprimés par semaine (dosage non précisé), montrerait une augmentation de 68 % du risque d’infarctus, d’accident vasculaire cérébral ou de décès cardiovasculaire. Une seule étude a porté sur le risque de complications digestives, suggérant à nouveau une relation dose-réponse avec une élévation du risque pouvant atteindre 49 %. Enfin, sur quatre études évaluant les risques de complications rénales, 3 suggèrent une relation dose-réponse, avec un doublement du risque de complications quand la dose cumulée sur toute la vie dépassait 500 g.
Et le biais d’indication ?
Le Pr Jean-Louis Montastruc, médecin-pharmacologue au CHU de Toulouse et membre de l’Académie nationale de médecine, met en garde contre le biais d’indication dans certaines études observationnelles. « Il n’est pas exclu que les patients inclus soient des sujets qui étaient déjà à risque cardiovasculaires, placés sous paracétamol justement parce que les anti-inflammatoires non stéroïdiens – et là c’est notoire – sont contre-indiqués chez ces patients, insiste-t-il. Le biais d’indication est un biais majeur. »
Des résultats qui ne peuvent être généralisés
Le praticien met en avant que ces résultats ne peuvent être généralisés. « Pour évaluer le risque, on se base sur un faisceau d’arguments — issu d’études de pharmaco-épidémiologie, mais aussi d’essais cliniques, de la notification spontanée en pharmacologie, des études expérimentales chez l’animal, des mécanismes d’action, rappelle le praticien. Une seule preuve de pharmaco-épidémiologie ne suffit pas à emporter la conviction. Donc ça fait peu de chose quand même pour lancer une alerte comme ça. »
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