LE SOUTIEN APPORTÉ par la France à M. Ouattara comporte évidemment un risque, celui d’une défaite du nouveau président issu des élections face aux procrastinations et aux manœuvres de Laurent Gbagbo. Quatre mois après les élections en Côte d’Ivoire, l’affrontement militaire devenait inévitable. Une fois de plus, comme en Libye ou ailleurs, le détenteur du pouvoir accepte que son peuple soit sacrifié au statut qu’il refuse d’abandonner. De sanglantes batailles ont lieu en Côte d’Ivoire qui font des centaines et peut-être des milliers de victimes. Et bien que les partisans de M. Ouattara annoncent presque chaque jour que M. Gbagbo est « fini », la guerre civile fait rage. Dimanche on disait que Gbagbo avait fui, mais non, il est toujours à Abidjan.
La peau dure.
La France devait d’abord protéger ses citoyens, qu’elle a regroupés à l’abri dans un camp militaire français. La présence, qui a été renforcée, de soldats de notre pays en Côte d’Ivoire, permet à Gbagbo de dire que, s’il est défait, ce ne sera pas par la volonté de son peuple mais par celle de l’ONU et de la France. Nicolas Sarkozy veut principalement éviter de porter atteinte à la légitimité du nouvel État ivoirien ; c’est pourquoi il tient à l’écart les militaires français, chargés exclusivement de la sécurité de nos ressortissants, sans pour autant revenir sur le principe fort d’un résultat électoral approuvé par les instances internationales et, en termes vigoureux, par lui-même. Cet engagement, qui ne soulève chez nous aucune controverse, servira néanmoins à tous ceux qui préfèrent Gbagbo à Ouattara et n’hésiteront pas à replacer l’attitude de notre pays dans le contexte historique de la colonisation. La prudence diplomatique de M. Sarkozy, qu’on ne saurait lui reprocher, aura fait gagner du temps à Laurent Gbagbo, méthode dans laquelle il a toujours excellé puisqu’il est à la tête de la Côte d’Ivoire depuis dix ans et que les élections de 2010 ont été différées de plusieurs années pour cause de guerre entre Nord et Sud du pays.
RISQUES ET PÉRILS DU DEVOIR D’INGÉRENCE
Mouammar Kadhafi a encore la peau plus dure que Laurent Gbagbo. La bataille entre forces loyalistes et insurgés libyens est une sorte d’accordéon : en dépit des frappes de l’OTAN, pourtant dévastatrices, les rebelles ne conquièrent que provisoirement de nouvelles positions pour les abandonner sous la pluie d’obus de l’artillerie kadhafiste. Sur la route qui longe la Méditerranée, Adjabiya, Brega et Ras Lanouf ont été tour à tour libérées par les rebelles puis reprises par l’armée, et ainsi de suite. On est perplexe, parce qu’on pensait que Kadhafi ne résisterait pas aux bombardements de l’OTAN. Si ses avions sont détruits ou cloués au sol, son armée dispose encore de chars et de canons et, comme elle n’a aucun scrupule, ses bombardements font des ravages chez les civils. Comment le tyran de Tripoli parvient-il encore à se procurer des armes et des munitions ? De combien d’argent dispose-t-il encore pour poursuivre la guerre ? Et même si, comme l’affirment divers journaux, deux de ses fils négocient son départ, on ne croit guère qu’il soit soudain devenu raisonnable. Une négociation avec les Occidentaux ne sera jamais pour lui qu’une manière de les rouler dans la farine, de gagner du temps comme Gbagbo ou de tirer parti, sur le plan militaire, des conciliabules diplomatiques. On signale plusieurs défections importantes dans son camp, mais la guerre est affaire de brute et il n’a pas besoin de tel ou tel ministre ou diplomate libyen pour détruire ses propres villes.
Pendant ce temps, les Américains se retirent discrètement de la zone des combats et n’offrent plus, depuis hier, que leurs avions ravitailleurs aux flottes aériennes européennes. Comme M. Sarkozy a pris le premier l’initiative de combattre Kadhafi, comme l’Allemagne était résolument hostile à toute intervention militaire, comme les Russes et les Chinois regrettent de n’avoir pas opposé leur veto à la résolution 1973 de l’ONU, la meilleure façon, pour M. Sarkozy et pour l’OTAN, de s’extraire de ce guêpier est encore d’obtenir au plus vite l’éviction de Kadhafi. Plus facile à dire qu’à faire. En attendant, le risque d’enlisement existe. Naturellement, l’intervention a empêché de terribles massacres de civils. Le problème du devoir d’ingérence reste posé. C’est un impératif catégorique, mais l’expérience montre qu’il ne suffit pas à faire une diplomatie toujours cohérente, pas plus qu’il n’apporte avec certitude des résultats.
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