Prophyxlaxie post-exposition

Rage : les rares cas où prescrire

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Publié le 15/12/2020
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Face à un risque de rage, une prophylaxie post-exposition (PPE) n'est recommandée qu'en cas d'exposition à une chauve-souris ou à un animal importé, soit beaucoup moins souvent que la pratique en France, recommande le Haut Conseil de santé publique (HCSP).
Une administration indispensable en cas d'exposition à une chauve-souris ou à un animal importé

Une administration indispensable en cas d'exposition à une chauve-souris ou à un animal importé
Crédit photo : Phanie

Il existe un paradoxe métropolitain : indemne de rage chez les mammifères non-volants depuis 2001, la France continue d'avoir un taux de recours à la prophylaxie post-exposition (PPE) parmi les plus élevés en Europe, rapporte le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) dans un avis du 9 décembre. Depuis 2005, entre 4 000 et 5 000 patients reçoivent chaque année une PPE, sur plus de 9 000 consultations annuelles.

Cette prophylaxie est souvent administrée à mauvais escient, pointe le HCSP : à la suite d'une attaque d'une espèce peu dangereuse (notamment le chat, un seul cas recensé depuis 2000), ou pour suppléer à la surveillance des animaux mordeurs. En outre, elle est mal administrée. Alors que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande d'accompagner la vaccination d'immunoglobulines antirabiques (Igr), lorsque l'animal mordeur est considéré comme à risque de transmettre la rage, seuls 8,8 des 86 000 patients ayant bénéficié d'une PPE entre 1995 et 2016 ont reçu des Igr.

Aussi, le HCSP clarifie les recommandations : en cas de morsure ou griffure par un mammifère non volant (chien, chat, petits rongeurs, etc.) sur l’ensemble du territoire français — à l’exception de la Guyane — le risque rabique peut être considéré comme négligeable (sauf si forte suspicion d’animal importé), et l’administration d’une PPE n’est pas recommandée.

PPE quand morsure de chauve-souris

En revanche, une PPE associée à des Igr est indispensable en cas d'exposition à une chauve-souris ou à un animal importé. Elle est aussi recommandée chez des voyageurs hors de l'Union Européenne, qui auraient été exposés au risque rabique (un cas en septembre 2017 après exposition à un chiot au Sri Lanka), ainsi qu'en Guyane, où reste présente la rage desmodine (un cas en 2008).

Enfin, le HCSP insiste sur l'importance de développer l’information des voyageurs sur la conduite à tenir en cas de morsure dans les pays d’endémiques (nettoyage des plaies 15 minutes, à grande eau, avec du savon puis un antiseptique).

La rage est encore responsable d’environ 60 000 décès chaque année dans le monde, en Asie et en Afrique. Selon l'OMS, 15 à 29 millions de PPE sont administrés chaque année dans le monde, ce qui permet d'éviter plus de 330 300 décès annuels dans les continents concernés.

Coline Garré

Source : Le Quotidien du médecin