MIEUX VAUT être réaliste et donc se préparer au pire : si les Européens, quel que soit leur degré de responsabilité, réagissent aussi lentement, c’est qu’ils s’attendent au règlement du problème grec par les marchés, non par une volonté politique. On a affolé le public par des déclarations contradictoires : les ennemis de l’euro décrivent une crise de la monnaie unique alors qu’il s’agit d’une crise de la dette qui ne serait en rien réglée par un retour aux monnaies antérieures ; les partisans de l’euro tentent de démontrer qu’il n’y a pas le feu alors que les clients des banques se demandent s’ils ne vont pas être ruinés ; les rumeurs sur l’accès au marché du dollar se multiplient et entraînent autant de démentis ; on nous répète que la dette grecque n’est rien par rapport au produit brut européen, mais tout le monde affirme qu’une crise italienne serait insurmontable. Aux chiffres vertigineux et incompréhensibles s’ajoute une logorrhée intarissable qui ne saurait remplacer quelques actions politiques fermes, immédiates et unitaires.
Des gouvernements impuissants.
Donc, la Grèce va faire défaut, sans doute partiellement, et les banques françaises devront tirer un trait sur une partie des sommes qu’elles ont prêtées à Athènes. Elle ne sortira pas de l’euro parce qu’un retour à la drachme l’achèverait : une monnaie nationale grecque rendrait impossible le remboursement du reste de la dette. Dans ce cas, pourquoi ne pas arrêter l’hémorragie tout de suite pour étouffer dans l’œuf toute tentative d’attaque de la spéculation sur l’Italie ? La raison de cette descente aux enfers, c’est la faiblesse des gouvernements en place : celui d’Angela Merkel qui, pour survivre, doit tenir compte de l’hostilité que l’irresponsabilité passée des Grecs inspire encore aux Allemands ; celui de Silvio Berlusconi, dont les deux impressionnants plans de rigueur sont détricotés par les élus et qui, à bout de souffle, n’a pas les moyens de se faire entendre d’un peuple qui le conspue ; celui de Nicolas Sarkozy qui tente désespérément, depuis près de deux mois, de convaincre l’Allemagne qu’il n’y a pas d’autre issue que de défendre l’euro en protégeant la Grèce, quoi qu’il en coûte, mais n’y parvient guère, les préoccupations allemandes de politique intérieure étant bien différentes de celles des objectifs français.
On peut dire que toute la crise est née, rebondit et se poursuit parce qu’on n’a jamais donné à l’Union l’exécutif fort et indépendant prévu par le traité de Lisbonne et que le président de l’UE, Herman Van Rompuy ou le président de la Commission, José Manuel Barroso, ne peuvent pas bouger s’ils n’ont pas le feu vert franco-allemand (donc allemand). L’Allemagne et la France ont mis en place des personnalités qu’elles voulaient contrôler, elles ne souhaitaient pas être confrontées, à Bruxelles, à un pouvoir capable de leur dicter ses conditions : c’est parfaitement réussi. Certes, il serait impensable d’imposer à Mme Merkel des contributions finacières élevées à la résolution de la crise grecque si elle refusait de dénouer les cordons de sa bourse. Mais un exécutif européen fort aurait été plus crédible. On en veut pour preuve le comportement de Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne, qui n’hésite jamais à dire ce qu’il est souhaitable de faire, et place Berlin sur la défensive.
C’EST UNE CRISE DE LA DETTE, PAS CELLE DE L’EURO
Trancher le nœud gordien.
La crise est injuste : l’Europe souffre de ce que l’euro n’est pas soutenu par le rapprochement économique et social de ses systèmes, tâche infiniment plus ardue à réaliser que la création d’une monnaie commune. Mais elle n’est pas plus endettée que l’Amérique et son taux de croissance n’est pas plus insuffisant que celui des États-Unis. L’acharnement contre l’euro n’en est que plus suspect. Contrairement à ceux qui, en dépit de l’évidence, trouvent dans les difficultés monétaires la condamnation définitive de l’euro, ce n’est pas en distendant les liens européens que l’on favorisera le retour au calme, puis la croissance des pays membres de l’Union. C’est en protégeant l’euro qui, s’il est fragile, n’en correspond pas moins à un choix irréversible. C’est en donnant vite à l’UE ce gouvernement économique que Mme Merkel et M. Sarkozy ont annoncé pendant l’été. C’est en tranchant le nœud gordien. Il faut prendre une décision pour la crise grecque, fût-elle périlleuse. La panique des marchés ne se nourrit que des atermoiements politiques.
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