Une semaine après la publication du rapport écrit sous l’égide de l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virale (ANRS) et de l’Association française pour l’étude du foie (AFEF), les acteurs de la lutte contre les hépatites se sont réunis à l’occasion des deuxièmes rencontres parlementaires sur l’Hépatite C.
On y a évoqué les difficiles évolutions du parcours de soin provoquées par l’arrivée de nouveaux traitements particulièrement efficaces mais coûteux ainsi que l’impact des nouvelles recommandations à venir.
Élargir le dépistage
« En termes de dépistage, nous arrivons à une sorte de plateau » a décrit le Pr Patrick Marcellin, hépatologue à l’hôpital Beaujon de Clichy. « Le dépistage ciblé nous a permis de détecter la moitié des malades », a-t-il estimé.
Le rapport ANRS/AFEF recommande la poursuite du dépistage ciblé actuel en fonction des facteurs de risque de contamination, mais en renforçant l’information à la population et aux médecins généralistes. La stratégie de dépistage est élargie aux hommes de 18 à 60 ans et aux femmes enceintes. Pour améliorer l’efficacité du dépistage, le test rapide d’orientation diagnostique (TROD) sur lequel un avis favorable a été publié sur le site internet de la Haute Autorité de santé (HAS) a été évoqué à de nombreuses reprises.
Pour Patrick Marcellin, le vrai problème se situe au-delà du dépistage, au niveau de la faiblesse croissante des réseaux de soins spécialisés. « Nous disposons des mêmes infrastructures depuis 10 ans, on a même plutôt perdu en capacité d’accueil, puisque si vous prenez un rendez-vous maintenant, vous ne serez reçus qu’en janvier 2015 », illustre-t-il.
Sélectionner ou ne pas sélectionner ?
Depuis deux ans, de nouveaux traitements contre l’hépatite C chronique ont fait leur apparition comme sofosbuvir (Sovaldi, commercialisé par Gilead Science) en association avec la ribavirine ou le comprimé développé par Ananta et AbbVie contenant un inhibiteur de protéase ABT-450 plus ombitasvir et un inhibiteur de NS5A dasabuvir. Ces traitements sont très efficaces, ne nécessitent pas d’interféron, ce qui ouvre la possibilité de traitement de patient souffrant d’une cirrhose décompensée.
Le problème de ces traitements, déjà plusieurs fois évoqué est celui de leur coût prohibitif : entre 80 000 et 90 000 euros la cure complète. « On ne peut pas traiter 300 0000 patients par an à ce tarif-là, regrette le Pr Marcellin. C’est une situation désagréable pour un médecin, mais il ne faudra traiter que les cas graves ». Au cours du débat, des divergences entre spécialistes sont apparues sur la manière dont doit s’effectuer cette sélection. Pour le Pr Marcellin, c’est au médecin de choisir au cas par cas. Pour le Pr Jean Michel Pawlotsky, directeur du centre de référence des hépatites virales B, C et delta, « c’est au législateur de définir l’enveloppe qu’il veut consacrer chaque année au traitement, et donc donner des critères précis. » En outre si certains, comme Jean Michel Pawlotsky estiment qu’il faudra à terme élargir le traitement à l’ensemble des patients infectés « quand la situation de monopole sur les nouvelles molécules n’existera plus », d’autres comme Patrick Marcellin prèfèrent s’en tenir aux recommandations du rapport : traiter les patients présentant un stade de fibrose supérieur ou égal à F2.
Le principal réservoir des VHC et VHB se trouve chez les patients toxicomanes et les détenus. En matière de prévention, plusieurs pays ont d’ores et déjà évalué des programmes d’échange de seringues dans leurs prisons à l’image de la prison de Hannöversand en Allemagne, ou de Bausauri dans les Pays Basques Espagnols.
Les prévalences du VIH et du VHC y ont baissé, sans hausse significative de l’usage de drogue. « Ce sont des estimations difficiles à faire » , concède toutefois au « Quotidien » Christian Andreo, directeur plaidoyer, communications et collecte de fond de l’association française AIDES de lutte contre le VIH et les hépatites virales, « car il n’y a peu d’estimations de la situation avant la mise en place des projets. »
Il fustige toutefois le retard français, dû à un « un manque de volonté politique » . Le Député PS de l’Orne Joaquim Pueyo, président du groupe d’études « prisons et conditions carcérales » a objecté que « le milieu carcéral est compliqué » et que les syndicats des personnels carcéraux étaient préoccupés à l’idée de l’entrée de seringues qui pourraient servir d’armes. Un argument remis en cause par André-Jean Rémy, chef du service Hépato gastro-entérologie - Cancérologie digestive au centre hospitalier de Perpignan et très impliqué dans le soin aux détenus de la prison de Perpignan : « Les seringues circulent déjà dans les cellules. On estime qu’il y a 6 % des détenus qui s’injectent des anabolisants. »
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