La ministre des droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, a souhaité placer la journée du 8 mars sous le signe de la santé. Aujourd’hui sont publiées les conclusions d’un séminaire intitulé « Mieux prendre en compte la santé des femmes », qui s’est tenu en février à la chaire santé de Sciences-Po, et qu’ont coordonné Marie Mesnil et François Bourdillon à la demande de la ministre. L’ambition : que le document contribue à « faire de l’égalité femmes-hommes un automatisme des politiques publiques » en matière de santé, explique la ministre.
Le rapport résume les problématiques mises en lumière grâce à l’approche de genre : données épidémiologiques, comportements à risque (tabac, alcool, obésité), cancers féminins (sein et col de l’utérus), grossesse et son interruption volontaire, inégalités socio-économiques, violences, et santé sexuelle. Le prisme du genre gagnerait à mieux imprégner les politiques publiques de santé, lit-on dans la présentation, sans pour autant gommer les grandes inégalités socio-économiques qui divisent ce groupe.
Pleins feux sur l’éducation à la santé sexuelle
Les actes du séminaire font la part belle à l’éducation à la sexualité, avec l’objectif de la normaliser. Comprendre : qu’elle ne relève plus de la seule responsabilité de la femme. L’ensemble des acteurs – éducation nationale, familles, associations, régions (à travers les Pass’ Contraception), mutuelles étudiantes – ont été sollicités... à l’exception notable des médecins, y compris en matière de contraception.
La présidente du Planning familial Carine Favier, qui dénonce les rigidités du schéma contraceptif (préservatif, pilule, stérilet), met notamment en garde contre « la médicalisation de la sexualité, qui présente le risque de cantonner cette dernière dans une approche individuelle et biologisante » - une mise à distance reprise dans les recommandations du rapport. Carine Favier préconise a contrario une approche globale, intégrant « plaisir, respect, contraception, IVG, IST, VIH, violence ».
Sur la contraception, « la formation des prescripteurs doit être améliorée en favorisant l’écoute et la connaissance des différentes méthodes. Une démédicalisation de la contraception est souhaitable (...) Il faut renforcer l’information et rembourser l’ensemble des méthodes de contraception », écrit Carine Favier.
La co-présidente de l’Association nationale des centres d’interruption de grossesse et de contraception (ANCIC), Sophie Eyraud, demande que la prochaine loi de santé publique intègre des objectifs en matière d’IVG et de contraception.
Pour une modernisation du dépistage des IST
En terme de transmission des infections sexuellement transmissibles (IST), l’information ne suffit pas à la prévention et la vaccination n’existe pas toujours. Le dépistage est donc une nécessité, rappelle le rapport. Mais les structures manquent de lisibilité. Selon Anne Bianchi, médecin biologiste, directrice du laboratoire départemental de Seine-Saint-Denis, la distinction entre les centres d’information, de dépistage, et de diagnostic des IST (CIDDIST), financés par les conseils généraux et l’État et les centres de dépistage anonyme et gratuit (CDAG), dépendants de l’assurance-maladie, ne se justifie plus. Leur fusion permettrait d’établir des statistiques et serait l’occasion d’améliorer le maillage territorial.
En outre, un renouveau des méthodes compléterait le dispositif. L’étude Chlamyweb, menée sur internet, proposant l’envoi à domicile d’un kit d’auto-prélèvement, est instructive. En 6 semaines, 700 000 visiteurs uniques ont fréquenté le site internet. L’analyse des prélèvements a montré une prévalence de l’infection à la Chlamydia de 8,3 % chez les femmes et de 4,4 % chez les hommes. L’intérêt du dispositif réside dans l’accompagnement : après l’autoprélèvement, l’échantillon est envoyé en laboratoire. Les résultats, différés, sont « communiqués selon des procédures qui favorisent l’accompagnement », peut-on lire. Le développement des tests et auto-prélèvements figure donc en bonne place dans les recommandations.
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