Face au « problème de lisibilité majeure » dans l’organisation des structures de dépistage et de prévention des IST, les CeGIDD doivent contribuer à « garantir une offre coordonnée de santé sexuelle et des parcours plus simples au niveau territorial », a déclaré en ouverture du septième colloque national « COREVIH en actions »*, le Dr Éric Billaud, praticien hospitalier en infectiologie au CHU de Nantes et coordonnateur du rapport du Haut Conseil de la Santé publique (HCSP) sur la « santé sexuelle et reproductive ».
Prévus dans la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2015 et définis dans l’arrêté du 1er juillet 2015 du ministère de la Santé, les CeGIDD regroupent depuis le 1er janvier 2016 les centres de dépistages anonyme et gratuit (CDAG) et centres d’information, de dépistage et de diagnostic des infections sexuellement transmissibles (Ciddist). « Les CeGIDD ont des ambitions plus fortes que la simple fusion de deux dispositifs existants », insiste Catherine Aumond, vice-présidente du COREVIH Centre-Poitou-Charentes et vice-présidente de l’association AIDES. « On va retrouver de nouvelles missions qui vont permettre d’inscrire les CeGIDD dans la prise en charge de la santé sexuelle globale », ajoute-t-elle. Six mois après leur lancement, ces centres essuient encore les plâtres. La faute d’abord à un timing serré pour la création de ces structures placée sous la responsabilité des agences régionales de santé (ARS) et coordonnées par les COREVIH.
Point zéro
« Nous avons été informés de l’habilitation (CeGIDD) le 28 décembre pour une ouverture en janvier », témoigne le Dr Caroline Laluvein, gynécologue et directrice du CeGIDD de Pau. Du côté des ARS, la démarche d’organisation des CeGIDD sur les territoires s’est aussi faite dans la douleur. « On s’est retrouvé un peu au point zéro quand les textes sont apparus », raconte Luc Ginot, adjoint au directeur de la santé publique de l’ARS Ile-de-France qui évoque également « des délais extrêmement contraints » et des premiers retours mitigés : « Nous n’avons pas réussi à régler de manière satisfaisante la question de l’accessibilité géographique des lieux de dépistage dans le cadre des CeGIDD », relève-t-il. Responsable de l’association Checkpoint Paris devenue antenne du CeGIDD Saint-Louis Lariboisière-Fernand Widal, Eve Plenel souligne le manque d’intégration de l’approche populationnelle qui doit pourtant dicter l’action de ces nouvelles entités.
Enveloppe globale
« Sur les 50 millions d’euros que coûtent les CeGIDD en France, seulement 2 millions ont été attribués à des dispositifs qui avaient vraiment un ciblage populationnel », regrette-t-elle. « L’atteinte des publics cibles peut s’avérer problématique pour des questions de savoir-faire. On est au début du chemin dans les changements de pratiques professionnelles », insiste le Dr Véronique Tirard Fleury, référent médical de la coordination des CeGIDD PACA Corse.
« En termes de moyens, il n’y a pas d’évolution de l’enveloppe globale. Elle reste stable avec de nouvelles missions et une nouvelle organisation qui imposent de travailler différemment », s’inquiète Catherine Aumond. « Cela nécessitera certainement de revoir la hauteur des financements ou leur répartition au regard de ce qu’il se fait effectivement » dans les CeGIDD, conclut-elle.
* Colloque organisé par Décision Santé en partenariat avec ViiV Healthcare
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