Le Haut conseil de la santé publique (HCSP) avait été saisi par la Direction générale de la santé (DGS) pour définir des seuils toxiques de concentration de gaz qui émanent de la décomposition des algues Sargasses aux Antilles. Il appelle à définir une stratégie de long terme, pour prévenir le relargage des algues sur les côtes, dans un avis rendu public ce 6 juillet.
Les algues brunes produisent lors de leur décomposition des dégagements de plusieurs gaz dont l'ammoniac (NH3), responsable d'irritations, voire de brûlures oculaires et respiratoires, et l'hydrogène sulfuré (H2S), également à l'origine d'irritations des muqueuses, accompagnées de signes neurologiques, voire de perturbations du rythme cardiaque et tensionnelles.
Dès ses précédents travaux de 2012 et 2015, le HCSP affirmait que le meilleur moyen de lutte contre les risques sanitaires liés à l'exposition à ces gaz était l'enlèvement des algues avant leur décomposition. « Ne se focaliser que sur les seuils toxiques des concentrations des gaz pour gérer les crises par une évacuation des populations affectées constitue une voie sans issue au long cours. Il est indispensable de définir une stratégie inscrite dans la durée et mobilisant toutes les ressources publiques et privées pour prévenir de telles situations afin d'éviter d'agir dans l'urgence », persiste et signe le HCSP.
Le HCSP préconise donc de privilégier la collecte des algues en pleine mer ; le ramassage sur les plages et les rochers ne doit venir qu'en complément, et être assuré tous les jours, y compris hors des périodes d'arrivée des échouages. En cas de difficultés, un procédé de stabilisation chimique des algues, destiné à bloquer la fermentation anaérobie, doit être mis en place - ne serait-ce que pour protéger le personnel chargé du ramassage. Enfin, le pilotage de cette stratégie doit être centralisé avec un centre de crise opérationnel 7 J/7.
Adapter les messages à la population
L'information à propos des risques sanitaires doit intervenir 2 ou 3 jours avant les échouages, et doit considérer à la fois les niveaux d'exposition et la population concernée ; les professionnels de santé doivent en sus être destinataires de messages spécifiques.
Le HCSP distingue trois niveaux d'exposition. Dans le cas de valeurs entre 0,07 et 1 ppm pour le H2S et inférieures à 8,3 ppm10 pour le NH3, la population doit être informée de l'échouage d'algues et se tenir informée des messages à venir. Les personnes vulnérables doivent s'éloigner des zones de présence des algues dès la perception des odeurs.
Dans le cas de valeurs comprises entre 1 et 5 ppm pour H2S et inférieures à 8,3 ppm pour NH3, tout le monde doit se tenir éloigné des zones affectées et s'adresser à son médecin ou pharmacien en cas d'irritation des yeux et de la gorge, de larmoiements, de maux de tête de difficulté respiratoire, de toux, de démangeaisons, de vomissements, de vertiges. En plus, les personnes vulnérables ne doivent pas séjourner sous le vent des émissions de gaz et éviter l'exposition aux autres substances irritantes en air intérieur (tabac, etc.).
Enfin, en cas de valeurs supérieures à 5 ppm pour H2S ou à 8,3 ppm pour NH3, la fermeture temporaire des établissements recevant du public peut être décidée. « De telles extrémités marquent la faillite de la gestion préventive des échouages des sargasses et de leur élimination rapide », conclut le HCSP.
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