SERAIT-CE le signe que la contestation à l’hôpital inquiète et est prise très au sérieux ? Mercredi soir, Nicolas Sarkozy a reçu une délégation de médecins hospitaliers opposés à la réforme. Des présidents de CME de CHU principalement, mais aussi de CH, très remontés par rapport au courrier que les Conférences de directeur d’hôpital avaient adressé la veille à l’Élysée, soutenant ouvertement la réforme HPST. Étaient également conviés, Roselyne Bachelot, Valérie Pécresse et le Pr Jacques Marescaux.
Pourquoi cette réunion à l’Élysée à deux semaines du Sénat ? « Nicolas Sarkozy voit bien qu’il y a des tensions, des crispations chez certains médecins. Il tient à écouter les points de vue des uns et des autres », précise l’entourage du chef de l’État. « Il y aura beaucoup de monde dans la rue le 28 avril, précise un médecin proche de l’UMP. C’est normal que Nicolas Sarkozy ait voulu prendre la température afin d’éviter l’enlisement comme pour les enseignants-chercheurs. Peut-être donnera-t-il des consignes aux sénateurs par la suite ».
Le matin même de cette réunion, plusieurs syndicats hospitaliers médicaux et non médicaux ont organisé une conférence de presse commune pour critiquer d’une même voix la réforme HPST, et en particulier son volet gouvernance hospitalière. Le Dr Bruno Devergie (Confédération des praticiens des hôpitaux) a rappelé être opposé à la suppression des services et à la « mort des CME ». « Il s’agit d’une loi pour satisfaire le lobby des directeurs hospitaliers », a-t-il déclaré. Le Pr André Grimaldi, l’un des 25 signataires de l’appel publié dans le Nouvel Observateur la semaine passée, estime que l’on va « perdre l’hôpital public à la française ». « Si on casse la collaboration que l’on pouvait avoir avec les directeurs, cette réforme se fera sans nous », a prévenu le Pr Christian Richard, président de l’intersyndicale des médecins et des chirurgiens des hôpitaux de Paris.
Les syndicats de personnel non médical ont surtout insisté sur les compressions d’effectifs et les dangers portés selon eux par la tarification à l’activité. « Cinq mille suppressions sont prévues dans les hôpitaux de Paris dans les 4 ans à venir, de façon purement comptable et dogmatique », a notamment déploré une porte-parole de la CFDT santé.
L’ensemble des syndicats représentés à ce point presse ont appelé à une forte mobilisation le 28 janvier. Ce qui fait dire au Dr Rachel Bocher, présidente de l’Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH), que le mouvement sera largement suivi, bien au-delà de Paris. « Le gouvernement peut très bien faire passer sa réforme en force, on ignore à ce stade ce que le Sénat décidera par rapport à la gouvernance des hôpitaux. Nous n’avons plus aucun contact avec le ministère de la Santé, mais nous continuons de discuter par ailleurs ». Avec les sénateurs, mais aussi Matignon et l’Élysée, laisse-t-elle sous entendre.
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