« L’ANNÉE DERNIÈRE, sur les groupes ciblés, nous avons à peine atteint un taux de couverture vaccinale de 52 %. C’est bien loin des 75 % nécessaires pour une protection collective mais aussi en très net recul par rapport aux années précédentes (60 % pour la campagne 2009-2010 et 58,7 % en 2008-2009) », a déploré Nora Berra lors de la présentation de la nouvelle campagne nationale de vaccination. « Nous sommes revenus au niveau de la couverture vaccinale de 2006, nous avons régressé de cinq ans », a-t-elle ajouté, avant de lancer un appel à la « mobilisation » et à la « responsabilité individuelle et collective ».
Les professionnels de santé sont concernés. Des études publiées dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » de cette semaine confirment que la couverture vaccinale dans cette population est insuffisante : « Entre 25 et 40 % selon les cas, alors qu’il faudrait atteindre là aussi les 75 % », a précisé le Dr Françoise Weber, directrice générale de l’Institut de veille sanitaire. « Les professionnels de santé doivent se faire vacciner non seulement pour ne pas transmettre la maladie à leurs patients mais aussi parce qu’ils ont un rôle d’exemplarité », a rappelé la secrétaire d’État.
Informer et convaincre.
La nouvelle campagne vise à « relancer la confiance » dans la vaccination « aux côtés des professionnels de santé », en particulier des médecins. « Leur rôle pivot a été renforcé », comme l’a souligné le Dr Catherine Bismuth, directrice des assurés CNAMTS. La nouvelle convention médicale, signée le 26 juillet dernier, a réaffirmé l’importance de leur mission de prévention et instauré une nouvelle rémunération sur objectifs de santé publique, dont 2 sur 8 concernent la vaccination antigrippale : 75 % des patients âgés de 65 ans vaccinés ; 75 % des patients en ALD âgés de 16 à 64 ans vaccinés.
Dans le cadre de la campagne, leur rôle est d’informer, sensibiliser et convaincre, combattre les idées reçues et dissiper les craintes. En résumé : « Faire vacciner », a insisté le Dr Jean-Yves Grall, directeur général de la Santé.
Le dispositif mis en place par l’Assurance-maladie inclut les nouveaux patients concernés par la vaccination, en particulier les personnes souffrant d’une pathologie coronarienne (environ 290 000 personnes), en plus des populations à risque qui bénéficient habituellement de la prise en charge du vaccin à 100 %. Les femmes enceintes à partir du 2e trimestre de grossesse et les personnes ayant un indice de masse corporel supérieur ou égal à 30 vont également bénéficier gratuitement du vaccin, comme l’a recommandé le Haut Conseil de la santé publique (HCSP). « L’épidémie de grippe de 2010-2011 a été d’intensité modérée et de faible ampleur. Par rapport à la saison précédente, le profil est redevenu celui d’une grippe saisonnière classique – augmentation des infections respiratoires aiguës dans les maisons de retraite et un excès de mortalité en population générale – mais avec toujours la persistance du profil spécifique A(H1N1)2009 », a expliqué Françoise Weber.
Éviter les cas graves.
Pour la première fois, le système de surveillance des cas graves a permis une description précise : 789 hospitalisations en réanimation ont été enregistrées, dont plus de 84 % étaient liés au virus A(H1N1). Les facteurs de risque qui avaient émergé lors de la pandémie grippale ont de nouveau été observés : 64 % des patients hospitalisés en réanimation étaient soit des femmes enceintes soit des patients obèses. Parmi les patients qui ont développé une forme grave, 18 % dont décédés. « Oui, la grippe peut entraîner la mort », a martelé la secrétaire d’État. La meilleure protection reste la vaccination : l’efficacité du vaccin contre la survenue des cas graves est estimée à 70 %.
Le médecin traitant devra donc proposer la vaccination aux nouvelles populations à risque que sont les femmes enceintes et les obèses. Il devra aussi la proposer à toute personne éligible qui n’aura pas été identifiée et invitée par l’Assurance-maladie. Un nouveau modèle d’imprimé de prise en charge vierge est mis à sa disposition dans le nouvel « espace pro » du site de l’Assurance-maladie (www.ameli.fr). Le médecin traitant garde bien sûr un rôle essentiel auprès des personnes âgées de plus de 65 ans et des patients souffrant de maladies chroniques exposés au risque vaccinal mais il devra en priorité inciter les personnes à risque non vaccinées à entrer dans le dispositif. Les personnes qui n’ont pas été vaccinées au cours des trois dernières années de même que les enfants de moins de 18 ans ont été invitées par courrier à se rendre chez leur médecin traitant.
200 000 libéraux.
Comme c’est le cas depuis 2008, les personnes qui ont déjà été vaccinées dans le cadre des précédentes campagnes peuvent se rendre directement chez le pharmacien pour retirer le vaccin (un bon de prise en charge leur a été envoyé). Elles pourront ensuite se faire vacciner par une infirmière libérale de leur choix sans prescription médicale. Pour faciliter encore plus la vaccination, ce dispositif d’accès direct a été étendu à d’autres publics : toute personne de plus de 18 ans, à l’exception des femmes enceintes, peut désormais en bénéficier. « Au total, près de 5,5 millions de personnes sont concernées », précise le Dr Bismuth (CNAMTS).
Enfin, 200 000 professionnels libéraux de santé ont été invités à se faire vacciner. La prise en charge à 100 % des vaccins a été étendue aux pédiatres, pharmaciens et masseurs-kinésithérapeutes en plus des médecins généralistes, des infirmiers et des sages-femmes qui en bénéficiaient déjà en 2010-2011.
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