Sécurité routière : les Français relancent le débat sur l’examen médical obligatoire chez les plus de 65 ans

Publié le 05/11/2013
1383664717469630_IMG_115013_HR.jpg

1383664717469630_IMG_115013_HR.jpg
Crédit photo : AFP

Un sondage IFOP réalisé à la demande de l’assureur MMA et par le Reader’s Digest relance le débat sur l’aptitude à la conduite des personnes âgées et l’obligation ou non d’une visite médicale. Effectué du 28 au 30 août sur un échantillon de 1 006 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, il montre que près de 8 Français sur 10 (77 %) estiment que les personnes âgées qui conduisent devraient être soumises à une visite médicale obligatoire.

« L’âge moyen idéal » pour cet examen serait, selon les sondés, autour de « 65 ans ». Cependant, les Français se divisent sur l’importance à donner à l’avis du médecin si une telle mesure était mise en place : 58 % souhaitent qu’il soit consultatif et que le permis ne soit pas retiré à la personne âgée, contre 42 % qui aimeraient que cet avis soit suivi du retrait « sur le champ » du permis de conduire.

Mesure inefficace

L’examen médical obligatoire pour les plus de 65 ans, une mesure plusieurs fois proposée, récemment encore par le parlement européen, n’emporte pas l’adhésion des professionnels de la sécurité routière. « C’est une question récurrente qui ressort tous les cinq ans », déclare le Dr Charles Mercier Guyon, secrétaire du Conseil médical de l’association Prévention routière en soulignant « qu’une politique de sécurité routière ne pouvait pas se fonder sur un sondage d’opinion ». De plus, précise-t-il, « tous les pays qui ont mis en place une telle mesure n’ont constaté aucun effet sur l’accidentologie ».

L’argument est également avancé par le Pr Claude Got, membre du comité des experts du Conseil national de la sécurité routière (CNSR), interrogé par l’AFP, lequel ajoute : « Pour les assureurs, les gens vieillissants sont de bons clients », a-t-il aussi précisé. Le CNSR, instance relancée par le ministre de l’Intérieur Manuel Valls en novembre 2012, est chargé de préparer et d’évaluer la politique des pouvoirs publics en matière de sécurité routière.

Examen difficile à mettre en œuvre

Pour le Dr Mercier-Guyon, la mise en place d’un examen obligatoire pour l’aptitude à la conduite des personnes âgées, est non seulement une mesure inefficace mais aussi extrêmement difficile à mettre en place.

« Soit l’examen est confié au médecin traitant et ce dernier peut être soumis au chantage des patients qui de toute façon iront voir ailleurs, explique-t-il, soit l’examen d’aptitude est réalisé par un médecin agréé ». Là aussi, poursuit-il « le patient peut facilement dissimuler une pathologie dont il sait qu’elle peut avoir une influence sur la conduite. Moi-même qui suis médecin agréé depuis plus de vingt ans, je peux affirmer qu’une telle évaluation à l’aptitude à la conduite n’est pas aisée, le praticien s’en remettant à une évaluation en auto-école ».

Selon le spécialiste de la prévention routière, la solution passerait par une « meilleure éducation des médecins pour qu’ils prennent mieux en compte la situation de leurs patients quant à la conduite. C’est important notamment dans le choix des traitements, sachant que la génération des plus de 65 ans est aujourd’hui une génération de gros rouleurs, ce qui n’était pas le cas il y a vingt ans ».

Un examen régulier de la vue lui semble indispensable. « Je vois 1 à 2 fois par an des personnes en dessous de 5/10, la norme fixée pour le permis de conduire et déjà pas très élevée, et qui n’ont pas vu d’ophtalmologiste depuis des années », relève-t-il.

Examen de la vue

Roger Braun, directeur général de l’Automobile club association, membre du comité des experts, met pour sa part l’accent sur le danger d’une stigmatisation des personnes âgées et préconise de mettre à profit le nouveau permis de conduire pour imposer « un contrôle de la vue » à tous les conducteurs lors de chaque renouvellement.

La mise en circulation progressive de ce nouveau permis au format carte de crédit, commun à tous les États membres de l’Union européenne, est effective en France depuis le 16 septembre. Selon le ministère, s’il doit être renouvelé tous les quinze ans, il ne s’agit que d’une simple formalité administrative « sans visite médicale ou examen pratique associé ».

 Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : lequotidiendumedecin.fr