La hausse du nombre des agressions et des cambriolages

Sécurité : un échec pour Sarkozy

Publié le 07/09/2009
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Crédit photo : AFP

ON N’OUBLIE PAS, en effet, que le candidat Sarkozy avait campagne en 2007 sur le thème d’un retour du pays à un climat plus sûr. Si sa sémantique sécuritaire (rappelons-nous le nettoyage des cités au kärcher) lui a valu l’opprobre de l’opposition, elle lui a permis de rallier, lors du vote présidentiel, une partie de l’électorat d’extrême droite. Elle a fait de lui le symbole du retour à l’ordre. Depuis qu’il est président, il n’a cessé de harceler les services de police pour qu’ils « fassent du chiffre » ; il détient une part de responsabilité dans certains incidents qui ont embrasé les banlieues ; il a tenté de conduire de front une triple politique d’assaut contre les bandits de tout poil, de reconduite aux frontières des immigrés clandestins et de réduction (peu rationnelle) des effectifs policiers.

Un baril de poudre.

Est-il trop tôt pour dire que cette politique a échoué ? Nous avons souvent défendu l’idée dans ces colonnes qu’il ne peut y avoir de politique sécuritaire sans un minimum de répression. Il ne faut pas se voiler la face, comme la gauche l’a fait trop souvent, en trouvant d’excellentes raisons sociales à la hausse de la criminalité, ce qui interdirait ou presque d’arrêter et de condamner des individus violents et sans scrupules ou des vendeurs de drogue. Il demeure que le discours sécuritaire ne suffit guère. Il n’a jamais terrorisé les criminels. Au milieu du mandat de M. Sarkozy, on devine que les mots ont souvent remplacé les actes, qu’il existe encore des zones de non droit, que les banlieues sont à la merci de la moindre mèche, que nous sommes tous assis, collectivement, sur un baril de poudre.

Ce qui manque, bien sûr, c’est le nerf de la guerre. À quoi s’ajoute le désir du président de mener tous les combats à la fois sans en avoir le financement. On ne s’est peut-être pas asez concentré sur la sécurité, parce que, en même temps, on a lutté avec ardeur contre l’immigration clandestine. En outre, la crise économique n’a pas favorisé la pacification des banlieues, notamment parce qu’elle a sensiblement accru le nombre de chômeurs. Il est caractéristique que le nombre des cambriolages ait augmenté, « parce que ça rapporte plus que la drogue ». Tous les facteurs de l’insécurité ne relèvent donc pas de la seule responsabilité du gouvernement.

Mais, de même qu’il ne peut y avoir de politique sécuritaire valable sans répression, de même la répression doit être accompagnée par une politique (certes très coûteuse) de prévention. Bien entendu, lorsque ce mot est lâché, il ouvre une boîte de Pandore. Il implique la reconstruction ou la rénovation des cités ; il implique de détourner les jeunes de la déliquance en leur offrrant un emploi ou un revenu ; il implique une éducation poussée susceptible d’introduire dans les esprits un minimum de conscience civique. La prévention n’est pas inexistante. On ne saurait négliger le travail admirable qu’accomplissent avec acharnement Martin Hirsch ou Fadela Amara, deux esprits libres dont l’humanisme précède le calcul politique. S’ils ont accepté de figurer dans un gouvernement de droite, c’est pour agir. M. Hirsch a poussé l’obstination personnelle jusqu’à obtenir, par un vote législatif, le financement du RSA, dont les journaux ne cessent de dénoncer les difficultés d’application, comme s’il ne fallait pas un peu de temps pour que le système se mette en place.

Reprise en main.

La lutte contre l’insécurité étant d’abord un combat contre la pauvreté, la tâche est presque insurmontable. Ce qui ne signifie pas qu’il ne faille pas l’entreprendre. M. Sarkozy a réagi à des statistiques alarmantes par une reprise en main personnelle des forces intérieures de sécurité, en exigeant de Brice Hortefeux, qui n’est pourtant pas considéré comme un mou, de renforcer les actions policières. Les policiers répondent qu’ils manquent de moyens et qu’ils ont été déjà galvanisés à plusieurs reprises, qu’on ne peut donc pas les stimuler indéfiniment. Ils font leur maximum. S’il s’agit de réprimer davantage, il faut bien que la police occupe le terrain et, pour occuper le terrain, il faut davantage d’effectifs. Ce raisonnement n’est pas une fuite de la police devant ses responsabilités. Il est juste. Il faut enfin accorder à la prévention toute la place qu’elle mérite. Si l’État est en faillite, aucun discours sécuritaire ne passera vraiment et M. Sarkozy ne peut pas obtenir des résultats sans y mettre le prix. Si les moyens sont inexistants, il ne reste plus qu’à attendre le rebond de l’économie pour dégager de nouveaux moyens en faveur de l’aménagement des cités. Le président a en effet poursuivi une politique contradictoire : à quoi la répression peut-elle servir si les prisons regorgent de détenus et qu’une des réformes de la justice vise à en réduire le nombre ?

PAS DE RÉPRESSION SANS PRÉVENTION

Une simulation d’arrestation à Perpignan

RICHARD LISCIA

Source : lequotidiendumedecin.fr